
Le gouvernement est averti, de nombreux partis politiques et la société civile tirent la sonnette d’alarme contre toute tentative de parachutage.
Si le régime en place semble reculer face à la pression de l’opinion sur son projet de révision constitutionnelle, force est de constater qu’il investit beaucoup dans l’élaboration des lois électorales prévues pour gérer les consultations populaires de 2018. L’ « atelier de restitution des travaux du comité interministériel chargé de la révision de l’encadrement juridique du processus électoral malgache », qui a été organisé par le gouvernement le 26 octobre dernier à l’hôtel Carlton, en est la preuve. L’initiative gouvernementale est déjà confrontée à la réticence, voire aux inquiétudes, des acteurs et des parties prenantes aux élections dont des partis politiques et des entités de la société civile qui ont vite formé le « Groupe de Colbert ». On reproche à la démarche de l’Exécutif le manque de transparence et les incohérences entre ce qui a été convenu au sein de la commission consultative créée au niveau de la CENI et ce qui a été présenté le 26 octobre à l’Hôtel Carlton. Le « Groupe de Colbert », composé de partis politiques de différentes tendances, voire de tendances opposées, dont le TIM de Marc Ravalomanana, le Mapar d’Andry Rajoelina, le MMM de Hajo Andrianainarivelo et le parti Freedom de Lalatiana Rakotondrazafy, s’érige contre la tentative de parachutage du gouvernement dans l’élaboration des projets des lois électorales qui seraient soumis au vote des deux Chambres du Parlement lors de la première session ordinaire de 2018.
Emissaires. Le « Groupe de Colbert » met et accentue la pression. Deux rencontres se sont déjà organisées à Antaninarenina, rencontres au cours desquelles les six représentants des partis politiques et de la société civile au sein de la commission consultative ont été invités pour s’expliquer. On a appris que ces six représentants des partis politiques et de la société civile au sein de la commission consultative sont sollicités d’intervenir auprès du président de la République pour que les futures lois électorales favorisent l’égalité de chances des candidats, la transparence, la crédibilité des élections et la fiabilité des résultats. Auprès de la communauté internationale, le « Groupe de Colbert » a mandaté l’ancien président Marc Ravalomanana dans le but de convaincre les Partenaires Techniques et Financiers de Madagascar à investir dans un processus neutre et inclusif. Parallèlement à leurs actions par rapport à l’élaboration des lois électorales, les partis politiques membres du « Groupe de Colbert » mobilisent leurs militants et partisans à vérifier leurs noms dans la liste électorale. D’après la CENI, cette liste est actuellement consultable au niveau des « Fokontany » ou à travers son site web. Bref, l’effervescence est au rendez-vous au sein des états-majors politiques à l’approche des élections de 2018.
- R. Eugène