Peu d’auteurs en ont parlé, Malanjaona Rakotomalala a bien choisi son sujet dans son livre « À cœur ouvert sur la sexualité merina, Madagascar : une anthropologie du non ». Déjà dès l’avant-propos, les bases sont jetées.
« Cet ouvrage s’intéresse à un sujet traditionnellement tabou chez un groupe « ethnique » malgache, pour lequel le christianisme est devenu une référence identitaire : la sexualité chez les Merina ». Il faut avoir une âme téméraire pour parcourir les 525 pages du livre.
À travers la sexualité, qui en deviendrait un indice social de développement, les écrits planchent sur la dichotomie ville-campagne. Pour les anecdotes, Malanjaona Rakotomalala évoque Albert Ranaivoson, qui serait le « précurseur de la sexologie à Madagascar ».
Ranaivoson voulait enseigner la sexualité « moderne » aux Malgaches dans le but de se détacher d’une autre archaïque, qu’il qualifiait de naïve et simpliste. Poussant à se demander si les Malgaches de la pré ère chrétienne étaient aussi prudes que quand l’église s’est installée.
D’ailleurs, l’auteur le confirme, la sexualité se discute souvent entre personnes de même sexe. Et c’est un phénomène mondial. Il cite également le pasteur Richard Rakotondraibe, un « révolutionnaire » prêt à se libérer de la culture chrétienne pour embrasser au mieux la chose.
Pour ainsi dire, la sexualité « imerinienne » est faite de paradoxes, surtout dans les années post-indépendances. Pratique primaire, avant la colonisation, recadrage chrétien pour former des « Saintes–nitouches » en puissance et tendance mal assumée à l’Indépendance.
Dans son ensemble, l’ouvrage se rapproche beaucoup du travail scientifique, avec les approches théoriques, méthodologies, corpus, etc… La facilité d’écriture à travers les choix des mots apporte une accessibilité à tout type de lecteur, du curieux au chercheur.
Maminirina Rado