« Edinbourg, 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Mi-sorcière, mi-chaman, la sage-femme qui aide à l’accouchement parvient à sauver le nourrisson en remplaçant le cœur défectueux par une horloge. Cette prothèse fonctionne et Jack vivra à condition d’éviter toute charge émotionnelle. Pas de colère donc, et surtout surtout pas d’état amoureux. Mais le regard de braise d’une petite chanteuse de rue mettra le cœur de fortune de notre héros à rude épreuve. » Conte ultramoderne , « Jack et la mécanique du cœur » vibre d’une rugueuse force poétique où l’humour est très présent. Mathias Malzieu soumet aux grands enfants que nous sommes une réflexion très personnelle sur la passion amoureuse et le rejet de la différence, donnant naissance à un petit frère de Pinocchio. Un court récit mais un long poème, le livre renferme un long poème qui se lit comme une chanson. Un texte tellement poétique avec des phrasés très imagés où les enchaînements des mots entraînent dans une danse par l’incroyable musicalité du texte qui déroule avec fluidité un conte d’une beauté quasi-irréelle.
Jack naît une seconde fois dans les yeux de soucoupes de Miss Accacia, la petite chanteuse andalouse. Vertiges de l’amour, désir fou que rien ne chasse, le cœur transi qui reste sourd aux mises en garde pour sa survie embarquent le héros dans une aventure inconcevable pour une personne raisonnable. Riche de sa simplicité, le roman-poème, fruit des passions du compositeur-écrivain-chanteur qui en est l’auteur, séduit par son naturel, sa pureté, son parfum de bohème et même sa dimension dramatique, qui permet au lecteur de s’identifier à Jack dans ses rapports interpersonnels. « Il doit rester quelques rêves d’enfant cachés sous mon oreiller, je tenterais de ne pas les écraser avec ma tête lourde de soucis d’adultes » Cette phrase résume à elle-seule la nécessité de garder cette capacité d’émerveillement pour emmêler les rêves. « Jack et la mécanique du cœur » attendrit le cœur de plume par son chant. A travers les pages, un kaléidoscope d’instants magiques, qui flottent dans un espace poétique, s’insinuent subtilement dans les rêves. Un diamant finement ciselé par un magicien des mots qui fait scintiller un imaginaire féérique enchanteresse.
Pluridisciplinaire. Si le livre est sorti en 2007, le film d’animation/musical s’ensuit en 2014. Avec un casting de choix car derrière les micros, Mathias Malzieu, Olivia Ruiz et Grand corps malade prêtent leurs voix aux personnages principaux. Il a par ailleurs inspiré l’album éponyme du groupe de Rock Dionysos dont Mathias Malzieu en est le chanteur. Troisième livre de l’auteur, « Jack et la mécanique du cœur » se décline en cinq langues dont l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien et évidemment le français. Soit, Jack et la mécanique du cœur est un beau conte surréaliste à dévorer à une cadence effrénée du chef d’orchestre qu’est Mathias Malzieu, car sa prosodie est incantatoire et envoûtante.
Recueillis par Zo Toniaina