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mardi, juin 17, 2025
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Lu pour vous : L’enfant noir, un portrait de la culture africaine

L’écrivain Camara Laye qualifié d’un éternel incompris

L’Enfant noir est la première œuvre  de Camara Laye, édité à Paris en 1953. Qualifié comme « l’un des textes fondateurs de la littérature africaine contemporaine », ce roman  largement autobiographique a reçu le prix Charles Veillon 1954, et inspiré en 1995 un film du même nom, réalisé par Laurent Chevallier.

L’œuvre   est précédé d’un court hommage, envers l’auteur ?à sa mère, qui symbolise toutes les femmes africaines ,et joue un rôle important dans le roman. L’enfant noir grandit dans un village de Haute-Guinée où le merveilleux côtoie quotidiennement la réalité. Son père, forgeron, travaille l’or au rythme de la harpe des griots et des incantations aux génies du feu et du vent. Respectée de tous, sa mère jouit de mystérieux pouvoirs sur les êtres et les choses. Elle sait détourner les sortilèges et tenir à l’écart les crocodiles du fleuve Niger. Aîné de la famille, le petit garçon est destiné à prendre la relève de son père à l’atelier et surtout, à perpétuer l’esprit de sa caste au sein du village. Mais son puissant désir d’apprendre l’entraînera inéluctablement vers d’autres horizons, loin des traditions et des coutumes de son peuple. Ce récit est passionnant car il plonge son lecteur dans la vie d’un village africain des années 1930, probablement bien éloignée de ce qu’elle est aujourd’hui. Les différentes étapes de la vie d’un enfant y sont décrites fidèlement, le point culminant étant celle de la circoncision, véritable entrée dans le monde des adultes. Ces descriptions fidèles font de ce livre un témoignage unique sur une Afrique sahélienne imprégnée d’un Islam bien particulier car mâtiné d’animisme que l’on découvre à travers un mystérieux petit serpent noir ou par des relations particulières avec les crocodiles.

L’Enfant noir est un roman africain connu et très étudié dans les établissements scolaires européens. Ce succès s’explique par la jeunesse du héros et par le fait que Camara Laye a cherché à rendre accessible la culture africaine en décrivant une Afrique paisible, sans évocation des violences coloniales. Toutefois, cette absence d’engagement politique en période de lutte anti-coloniale et de littérature engagée lui valut de sévères critiques. D’autres auteurs ont réagi à cette critique: Léopold Sedar Senghor affirme au contraire dans Liberté: « Lui reprocher de n’avoir pas fait le procès du colonialisme, c’est lui reprocher de n’avoir pas fait un roman à thèse, ce qui est le contraire du romanesque, c’est lui reprocher d’être resté fidèle à sa race, à sa mission d’écrivain ». Catherine Ndiaye adopte un point de vue proche en déclarant que, l’écrivain africain doit selon elle, apprendre à écrire en esthète, sans en rester toujours à une approche de sociologue, d’historien ou d’économiste.

L’enfant noir, un classique de la littérature africaine

Auteur francophile. Camara Laye est né le 1er janvier 1928 à Kouroussa dans la Haute-Guinée (à l’époque sous la domination française). À l’âge de quinze ans, il quitte sa famille pour Conakry, où il suit des études d’enseignement technique à l’école de Georges Poiret et obtient un certificat d’aptitudes professionnelles (CAP).  Grâce à sa scolarité encourageante, une bourse d’études lui est donnée et le jeune homme part étudier en France au Centre-école d’Argenteuil, près de Paris, d’où il sort avec un certificat de mécanicien. Camara Laye poursuit ensuite son apprentissage tout en travaillant chez le constructeur automobile

« Simca », avant d’obtenir son diplôme d’ingénieur en 1956.  Cependant, entre temps, une carrière d’écrivain va s’ouvrir à lui. En effet en 1953, il publie son premier ouvrage L’Enfant noir, où il dépeint avec nostalgie son enfance. Les clivages culturels entre la civilisation africaine et européenne étant pour lui une source d’inspiration, il publie également en 1954 un livre sur ce sujet : Le Regard du Roi. En 1956, Camara Laye retourne en Guinée. Puis, l’écrivain accède à de hautes fonctions au sein du Ministère de l’Information de Conakry, jusqu’en 1963. Camara Laye meurt à Dakar le 4 février 1980. Il reste inscrit dans les mémoires comme « l’un des écrivains d’Afrique ayant intégré la culture occidentale ». Parmi ses autres œuvres figurent : Le Maître de la parole, un recueil de contes griots qui dépeint la genèse du Mali, mais également Dramous paru en 1966, et qui dénonce la dérive du Régime qui l’a contraint de s’exiler au Sénégal.

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