
Quand l’époque a appelé récemment à l’exacerbation du patriotisme, plutôt en acte qu’en parole, en emmenant « tous les Malgaches » à se concerter sur le sort des îles éparses. Il est temps sans doute de faire une révision de la littérature africaine, issue des écrivains des anciennes colonies, sur le fameux « Françafrique ».
Souvent décriée comme étant une vision intellectuelle s’étant attardée dans les arcanes de l’anticolonialisme désuet, puisque l’Afrique a déjà gagné son indépendance depuis des décennies. La Françafrique se maintient encore dans la vision, le discours, les analyses et la posture mentale de quelques intellectuels africains, et bien sûr malgaches.
Plusieurs ouvrages décortiquent et actualisent ce concept, le plus de tous reste « Françafrique : ces monstres qui nous gouvernent » du centre-africain Ernest Nguong Moussavou, paru aux éditions L’Harmattan en 2012. Le discours de l’auteur, sur les dix chapitres, ressassent ce que les panafricanistes, les anti-néocolonialistes… n’ont eu de cesse de répéter.
Même les mots semblent se répéter. C’est dire de la récurrence de ce message d’autodétermination ces derniers temps. En voici un extrait poignant du livre. « Ils sont arrivés au pouvoir, soit par la force, soit par des artifices concoctés par des puissances étrangères… puis manipulé leurs constitutions et faussé les élections pour perpétuer leur pouvoir ».
Un autre auteur fait aussi l’unanimité concernant ce sujet, « La Françafrique: le plus long scandale de laRépublique » aux éditions Stock paru en 1998, accroche par sa force littéraire. Le résumé en donne un aperçu. « Attention : c’est un livre en colère.Plus d’une vingtaine de réseaux politiques, d’officines mafieuses, de filières occultes, se partagent aujourd’hui le gâteau africain. À peine 2 ou 3% de l’aide publique française au développement sert à lutter contre la pauvreté ».
Ces deux ouvrages évoquent, entre autres, un thème commun : le Rwanda. Le passage génocidaire qu’a connu ce pays dont la France ne peut pas se départir de sa responsabilité. Pour ainsi dire, l’histoire de l’Afrique moderne a été tâchée de sang avec en toile de fond le drapeau tricolore.
Ils mettent en avant également la génération des politiques en action après l’indépendance des colonies. Ceux qui sont sous la botte des Français. Ces « monstres » qui maintiennent l’asservissement de leur population pour le bien de leur maître : l’ancienne puissance coloniale. Si « Françafrique : ces monstres qui nous gouvernent » décortiquent la chronologie. L’autre livre, « La Françafrique: le plus long scandale de la République » révèle un système, un ogre aux relents mafieux. Tout comme ces chefs d’Etat qui « vantent », jusqu’à maintenant la relation de leur pays avec la France.
En lisant ces livres, la logique veut de se demander sur l’effectivité ou l’inexistence de ce concept de « Françafrique ». En attendant qu’un universitaire malgache trouve les matériaux, informations et données chiffrées, pour mettre en avant des théories. Jusqu’à maintenant, les soi-disant complotistes sont plutôt légions sur ce sujet.
Maminirina Rado