
Le livre fait joli, apporte une certaine aura intellectuelle à son propriétaire devant les invités. Posséder ces quelques livres ajoutera plus de profondeur à la bibliothèque, ceux qui ont bouleversé, au sens propre, leurs époques.
« Essays in humanism »
La science doit beaucoup à Albert Einstein, le physicien des physiciens a été également un écrivain, un penseur. Sa vision du monde ne lui a pas toujours valu des éloges, surtout avec le livre « Essays in humanism » dans lequel plusieurs essais depuis 1931 à 1950 ont été recueillis. Et quand le « super-scientifique », celui à qui le monde doit la théorie de la relativité, parle de social et de politique, cela gêne sûrement. Surtout qu’Albert Einstein a parfois la langue bien pendue. Surtout aussi qu’il touche à des sujets presque tabous comme le sionisme, la « prémonition » de la guerre froide. N’oubliant pas de parler de la science dans sa dimension quotidienne.
« The Black Book »
Dans le genre obscène, caractéristique d’une époque se dirigeant inexorablement vers la Grande guerre, « The Black Book » de Lawrence Durell, paru en France en 1938 est une référence. Tellement les écrits révulsaient la société de l’époque, l’ouvrage a été tout de suite censuré après sa sortie. Le « The Observer » résume tout à fait la situation, « C’est d’une extravagante sauvage, passionnée, brillamment éclairée et flamboyante… richement obscène, énergétiquement morbide, très souvent très drôle… ». C’est bien des décennies plus tard que cet écrit a été rétabli dans les librairies des pays qui l’ont banni.
« Mein Kampf »
Il dépasse la Bible, le Coran et presque toutes les sortes de livres saints du monde entier. Adolph Hitler a aligné les morts mais aussi les lecteurs avec « Mein Kampf ». C’est sans doute le livre le plus censuré au monde. Même le « Code Noir », la bible du colonialisme et ses plus de 80 millions de morts, écrit par deux Français (Colbert et le marquis de Seignelay) n’a jamais été autant censuré. De quoi rendre sans doute fier cet Allemand ayant fait des pauvres juifs des animaux d’abattoirs. Écrit entre 1925 et 1926, l’ouvrage annonce dans son ensemble les projets macabres du Reich. Et comme la colonisation, le cœur de ses arguments est la race. Avec une mention particulière pour les descendants d’Abraham.
« Alice aux pays des merveilles »
Pour le côté insolite, « Alice aux pays des merveilles » a été bel et bien censuré en Chine, précisément dans la province du Hunan, depuis 1931. Si le livre écrit par Lewis Carroll est sorti en 1865, tout d’abord, il faut bien reconnaître le caractère subversif de l’histoire de cette ado enfouie dans un monde improbable. Jusqu’à maintenant, le débat sur les influences narcotiques de l’auteur durant sa rédaction fait encore rage. Quoi qu’il en soit, il a fini par devenir un des dessins animés les plus célèbres du monde. Pour les Chinois, un livre mettant les animaux à l’égal des hommes ne passe pas. Pour un général chinois de l’époque, c’est une véritable insulte. Nul ne sait jusqu’à maintenant si les autorités locales ont réhabilité cette œuvre.
« Lolita »
La bonne morale, le sexe et la religion sont les prétextes les plus soulevés pour censurer un livre dans la plupart des pays. Avec « Lolita » (1955), l’écrivain russo-américain Vladimir Nabokov inspire pourtant le respect que l’on accorde à tous les visionnaires, lesquels ont pourtant été choqués et laissés pantois par les propos de l’auteur. Le sujet est tout de même fou, il parle d’un professeur obsédé par une fille de 12 ans. Plus tard, il devient le beau-père de la gamine, s’ensuit alors une relation de chair soutenue entre les deux personnages. Les détracteurs y voient tout de suite un éloge à la pédophilie, d’autres y constatent une envie de montrer l’absurdité de ce monde. La loi de la chair, l’inutilité de la condition humaine… bref, une catharsis en page.
Maminirina Rado