Dans « Pastoralists, warriors and colonists : the archeology of southern Madagascar », Mike Parker Pearson défriche une piste rarement, voire jamais, empruntée par les chercheurs d’ici ou d’ailleurs. Ce livre s’étale, il lui a fallu plus de dix années de recherche, sur l’histoire des sites oubliés d’Andaro, Andranosoa et le domaine fortifié de Ramananga.
Pour une surprise, cela en est une. Puisque ces lieux se trouvent dans le sud malgache, dans l’Androy. Là-bas où souvent, la famine récurrente a fait oublier l’existence d’une « civilisation » proto-urbaine dont la présence a été située entre le XIVème et le XXème siècle. Selon des recherches archéologiques, les habitants d’Andranosoa travaillaient déjà le fer cinq siècles avant Andriamanelo.
C’est dire que l’avancée technologique de cette civilisation dont aucune trace écrite ni orale n’a pas perduré. Un destin rappelant celui de l’Atlantide. Cependant, des fouilles archéologiques ont été effectuées par l’auteur et son équipe. Dans laquelle se trouvent Karen Godden, entre autres, et les Malgaches Chantal Radimilahy, Retsihisatse, Ramilisonina, Lucien Rakotozafy, Bako Rasoarifetra…
En 725 pages, le professeur anglais Mike Parker Pearson, comme tout bon scientifique, ouvre sur la zone de recherche, les méthodes utilisées… Ensuite, il évoque l’extinction de l’Aepyornis et du Mullerornis, vers le début du deuxième millénaire, correspondant dès lors aux premières « explorations humaines » en profondeur dans la région Androy.
Si les premières occupations des zones côtières ont été répertoriées quelques siècles avant notre ère, l’influence swahili semble être plus prépondérante. « Manda », traduit comme « fortification » viendrait alors du vocabulaire swahili. Sans pour autant considérer cette civilisation comme islamisée, puisqu’il n’y a aucune présence de mosquées.
Il y a beaucoup à dire, comme le caractère fluvial de ces cités séculaires et déjà « urbanisées ». Un paradoxe pour l’histoire de l’Androy. La région a donc abrité la civilisation la plus avancée de Madagascar, mais aujourd’hui est la plus pauvre du pays.
Maminirina Rado