Tout dépend de la position du lecteur ou lectrice en lisant « Rosewood » d’Annah Lake Zhu, un livre paru en juillet. Sa plume joue les funambules, entre la Chine et les occidentaux. Où la corde est le bois de rose.
Captivant et décalé, son ouvrage en anglais, plutôt proche de la recherche que du documentaire, tente de comprendre l’engouement des chinois pour ce bois précieux. L’auteure, ancienne volontaire de « Peace corps », a ainsi vécu quelques temps à Madagascar pour pouvoir rédiger « Rosewood ».
Elle évoque alors les « plantations » de bois de rose à Madagascar. Puisque de cette stratégie de replantation est basée son analyse de l’approche chinoise de la protection environnementale. Le pays de Suntzu préfère une utilisation pensée et pérenne.
Tandis que les occidentaux préfèrent la restriction et « l’interdiction des ventes », souligne–t–elle. Dans ses théories, elle étaye ses arguments de chiffres frappants. Entre 2010 et 2015, « l’exportation de bois de rose a augmenté de 700 % ». Pesant en 2014, plus de 25 milliards de dollars.
Dans la Grande Île, cette période correspond à la période de transition. Cependant, l’exploitation commerciale de cette matière n’est pas le seul fait de Madagascar. Le grand continent a aussi été touché par le phénomène.
Un phénomène lié à la culture chinoise. Sous le sceau de l’ascension économique du pays. Qui correspond à une certaine recherche de l’authentique, à travers le mobilier en bois précieux. Que ce soit, le bois de rose ou le palissandre.
Mobiliers des grands palais d’antan, les chinois veulent reprendre là où les réformes douloureuses de la révolution ont laissé le prestige impérial. C’est alors à travers les chaises, les tables, les armoires… que cela se réapproprie actuellement.
Quelque part, la Chine semble n’avoir aucun souci si les marchandises exportées depuis Madagascar et l’Afrique proviennent d’un trafic à la structure mafieuse. Quitte à ce que ces pays subissent des dégâts environnementaux irréversibles.
Les occidentaux voient bien cela d’un mauvais œil. Puisque rien que pour le palissandre, il sert de lieu de « nidification clé pour les animaux endémiques ». La coupe de ce bois entraîne donc des dégâts irréversibles.
Annah Lake Zhu le conçoit très bien dans son livre. Cependant, elle cherche à faire comprendre l’écart de la vision des occidentaux et des chinois dans l’approche environnementale. En plus de 230 pages, « Rosewood » allège quelque peu l’âme des trafiquants.
Cette titulaire d’une habilitation à diriger des recherches de l’université de Berkeley est une spécialiste en politique écologiste et a travaillé à Madagascar.
Maminirina Rado
Bois de rose, crabes de mangrove, holoturies des récifs…. Tous les écosystèmes fragiles de Madagascar sont menacés par des demandes très pressantes mais non essentielles des consommateurs chinois. La libre entrée de ces produits interdits en Chine, pays du contrôle totalitaire illustre un projet politique : ravager l’Afrique pour la dominer.