
La piraterie est le principal obstacle pour le développement de la cinématographie et de la musique à Madagascar. Mais même les géants de l’informatique comme Microsoft souffrent de cette pratique maligne. Ensemble, ces victimes veulent intensifier la lutte anti-piratage.
Le taux de piratage à Madagascar est estimé à 80%, mais aucun chiffre officiel n’a encore été annoncé. Ce taux est pourtant à 56% à Maurice et à 40% à La Réunion. En effet, la piraterie à Madagascar peut rapporter gros pour son auteur, mais les conséquences peuvent également être catastrophiques. « Il faut en moyenne 55 millions d’Ariary pour la production d’un film malgache. Le coût de revient de chaque DVD s’élève à 2 000 Ariary environ. Vendu à 6 000 Ariary par DVD, un projet peut donc aboutir à la réalisation d’un chiffre d’affaires de 90 millions d’Ariary, si l’on arrive à commercialiser 15 000 exemplaires de disques. Toutes les charges, y compris la distribution et la communication ne sont pas encore déduites de ce montant. Les marges sont donc assez serrées. Du côté de la piraterie, la matrice ne coûte aux malfaiteurs que 300 000Ariary, en moyenne. Avec zéro taxe, ils se permettent de vendre le DVD à 2 000 Ariary. Le chiffre d’affaires par film piraté peut atteindre 60 millions Ariary pour ceux qui vendent jusqu’à 30 000 exemplaires. En ce qui concerne les films étrangers, le chiffre d’affaires par an des pirates est estimé à 2,55 milliards d’Ariary par an », a indiqué le DG de l’OMACI (Office malgache de la cinématographie).
Tourisme. D’après ces chiffres, on peut déduire que la piraterie rapporte plus que la production. Ce qui devient un grand handicap pour le secteur d’activité. Aujourd’hui, les victimes de la piraterie ne peuvent écarter la collaboration pour la lutte contre le piratage. Microsoft qui souhaite intensifier la lutte a fait appel à l’OMDA (Office malgache du droit d’auteur), à l’OMACI et à la Brigade anti-piratage. D’après le général Dieu Donné Alphonse, coordinateur de la lutte anti-piratage, 75 193 CD ont été saisis en 2014 ; et 8 313 CD, durant le premier trimestre de cette année 2015. Pour ces chevaliers de la lutte anti-piratage, l’Etat doit renforcer les structures comme les organes qui protègent les créations et les productions. « La loi n’est pas assez ferme. Il faut un renforcement des textes et une campagne de sensibilisation et d’éducation pour les consommateurs », ont-ils soutenu. Par ailleurs, Madagascar a un grand potentiel comme destination de tournage, d’après les spécialistes. Un avantage qu’il faudrait promouvoir.
Antsa R.