
Des millions de Malgaches ont suivi l’intervention télévisée du président de la République concernant l’épidémie de coronavirus à Madagascar. Intervention pendant laquelle le locataire d’Iavoloha s’est exprimé en malgache de manière à ce que tous les téléspectateurs puissent bien comprendre les messages qu’il a adressés à toute la nation. Cependant, dès le lendemain, c’est tout l’inverse que l’on a pu constater dans les couloirs de la capitale, région qui enregistre le plus de cas de contamination au coronavirus. Si le président de la République a décrété que les commerces peuvent exercer avant 13 h, les commerçants ne l’ont peut-être pas entendu de cette oreille. Certains marchands persistent à ne pas fermer à l’heure indiquée ; parfois ils ne quittent leurs commerces qu’à 19 h et plus dans certains quartiers. Ainsi, il a fallu l’intervention des autorités pour que ces derniers daignent finalement quitter leurs étals. Et toujours dans ce même registre, il n’a jamais été mention d’abandonner les mesures barrières et le port de masque. Pourtant, plus de la moitié des personnes croisées dans les rues ou dans certains bureaux omettent ces mesures qui permettent d’éviter la propagation du virus.
Mauvais élèves ? Faire la sourde oreille n’est pas une attitude nouvelle à Madagascar. Une partie des Tananariviens est habituée à jouer au chat et à la souris avec les autorités; si bien que même avec un pays se trouvant dans un état d’urgence sanitaire, certains continuent à penser qu’il s’agit d’un jeu. Beaucoup se plaignent des mesures qui empêcheraient leur soi-disant liberté. Mais quelle liberté est entravée par le fait de porter un masque et de garder la distanciation sociale ? N’est-ce pas là faire preuve d’un geste citoyen qui consiste à protéger son entourage d’un virus potentiellement mortel ? Finalement, tout le monde est donc au courant du comportement qu’il faut adopter, et le message est passé quoique quelques interlocuteurs refusent de se soumettre aux indications. Mais encore, le fameux « Ray aman-dReny », le sage de la communauté, lui, s’est mu dans le silence, de peur de passer pour le moralisateur.
Situation alarmante qui fait vaguement penser à la configuration habituelle d’une salle de classe, où quatre élèves sur cinquante obtiennent une bonne note, dix sont moyennement bons, 26 ne suivent que très rarement les consignes du professeur, et les dix derniers ne comptent que sur les antisèches pour réussir aux contrôles.
Anja RANDRIAMAHEFA