samedi, avril 19, 2025
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Lutte contre le kere : Un manque de coordination des activités

Onitiana Realy, MPPSPF, lors des actions d’urgence dans le Grand Sud.
Onitiana Realy, MPPSPF, lors des actions d’urgence dans le Grand Sud.

Les interventions pour venir en aide aux populations victimes de la sécheresse dans le Grand Sud qui manquent, mais plutôt une bonne coordination des activités. Les intervenants doivent faire en sorte que le kere ne devienne pas un enjeu politique. 

Par définition, «la sécheresse est l’état normal ou passager du sol et/ou d’un environnement, correspondant à un manque d’eau, sur une période significativement longue pour qu’elle ait des impacts sur la flore naturelle ou cultivée, la faune sauvage ou les animaux d’élevage, ainsi que sur la vie des être humains qui y vivent…». Et c’est vraiment le cas dans le Grand Sud de Madagascar à l’heure actuelle, particulièrement dans les régions Androy et Anosy. A cause du manque d’eau et de l’existence d’un vent dévastateur, le sol est aride, au point de devenir stérile. Du coup, les communautés locales, notamment les Antandroy, les Mahafaly et les Bara, malgré leur courage et leur réputation de grands producteurs agricoles, ont vraiment une grande difficulté à développer leurs activités agricoles. Pire, ils luttent pour leur propre survie, faute de nourritures au quotidien. Or, ce problème ne date pas d’hier, mais d’il y a des années. Et le kere a déjà fait des victimes même si officiellement, les autorités n’en ont enregistré qu’une seule.

42 millions Usd. Alors, depuis le temps où les médias ont commencé à parler de la sécheresse dans le Grand Sud du pays, c’est la ruée des interventions. Les aides sont venues de toutes parts. L’Etat malgache, ainsi que les PTF (partenaires techniques et financiers) se sont mobilisés. Toutefois, la situation n’a pas vraiment évolué dans le bon sens puisque le kere y est toujours présent. Pour beaucoup, le kere ne doit pas être si difficile à éradiquer. Il faudrait seulement une bonne coordination des activités de la part des intervenants, afin que les aides soient bien réparties dans les endroits concernés et pour les bénéficiaires à qui elles sont destinées. L’on apprend alors que le montant total des projets menés par les différents intervenants pour venir en aide aux populations dans le Grand Sud grimpe jusqu’à 42 000 000 Usd, soit 126 000 000 000 Ar. Les interventions touchent plusieurs volets, entre autres: lutte contre l’insécurité alimentaire, réhabilitation et/ou construction d’infrastructures liées à l’adduction d’eau potable, dons de semences,…  Pourtant, pour soulager leur faim, les communautés locales sont toujours contraintes de ne manger que des cactus rouges ou «raketa mena».

Hors sol. Face à cette situation alarmante, les aides d’urgence sont toujours les bienvenues dans cette partie de l’île. Mais n’est-il pas enfin temps de trouver des solutions pérennes permettant à ces populations du Sud de manger à leur faim? Vu que les terres ne produisent plus assez, à cause de l’eau qui se fait de plus en plus rare, parmi les solutions proposées figurent les activités hors-sol, comme la promotion des activités liées à la pêche et à l’élevage, ou encore le recours aux pluies artificielles. Surtout que le Grand Sud n’est pas trop loin des zones littorales. Mais pour y arriver, il faudrait non seulement du temps, mais également et surtout, une volonté politique.

Accès à l’eau : Une question de volonté politique

Le manque d’eau est un grave problème qui nécessite une solution rapide et durable dans le Grand Sud. « Auparavant, la plupart des ménages ont eu leur propre puits. Avoir de l’eau ne nécessitait donc pas un grand effort pour les ménages. Et l’arrivée de l’AES a facilité l’accès à l’eau. Toutefois, avec le temps, une grande majorité des camions citernes de cette association ont fini par tomber en panne. Il n’en reste plus qu’un seul pour ravitailler tout le district pourtant constitué de 19 communes. Ce qui a fortement aggravé le problème lié à l’accès à l’eau. Il ne reste plus alors que les charrettes pour le ravitaillement en eau dans tout le district. Alors maintenant, un fût ayant une capacité de 250 L s’achète à 30 000 Ar. Dans les campagnes, un bidon de 20L s’achète à environ 500 Ar. Et même les communes se trouvant à près d’une vingtaine de km aux alentours se ravitaillent toutes en eau dans le district d’Ambovombe », confie le directeur régional au sein du ministère de la Population dans la région Androy. A tout ceci s’ajoute le risque élevé d’une épidémie de diarrhée, suite à la mauvaise qualité de l’eau consommée par les communautés locales. « C’est devenu une question d’habitude. Pire, quand viennent les rares moments où la pluie tombe, tout le monde se bouscule dans les rues pour y ramasser le maximum d’eau de pluie », a-t-il rajouté. A noter pourtant que c’est le district d’Ambovombe qui ravitaille en eau presque tout le Deep South. Mais malgré les 30 années pendant lesquelles l’AES y a été présente, le problème d’accès à l’eau pèse toujours. « Vu l’existence d’une forte potentialité de ressources en eau dans les environs, il ne devrait pourtant pas être si difficile de trouver des solutions pérennes pour remédier au manque d’eau. C’est seulement une question de volonté de la part des dirigeants », a affirmé un responsable dans le district d’Ambovombe.

Les gens vendent leurs biens

La faim frappe et la situation est alarmante. Il faut manger, coûte que coûte. Alors, face au manque, voire l’inexistence de nourritures, les populations du Grand sud n’ont d’autres alternatives que de consommer les cactus rouges. D’ailleurs, une récente enquête menée par la direction régionale du ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme (DRMPPSPF) dans cette partie du pays a montré l’existence d’un phénomène de décapitalisation des patrimoines des ménages. En d’autres termes, par manque de nourritures, les populations locales étant désespérées, s’accordent à vendre tous leurs biens, y compris ceux qui leur sont interdits: les ustensiles de cuisine, quelques meubles, les animaux domestiques, etc. Tout ceci, afin de trouver un peu de nourritures. L’apparition de ce phénomène prouve l’existence de l’insécurité alimentaire causée par la grave sécheresse. En outre, beaucoup de familles optent pour l’émigration. A noter pourtant que cette insécurité alimentaire intense touche des groupes spécifiques, tels que les ménages très pauvres et vulnérables, les femmes enceintes et/ou allaitantes, ainsi que les personnes âgées.

Atelier de 2 jours à Amboasary : Pour une solution durable contre le kere

Après les actions d’urgence, les distributions de vivres et les visites des localités les plus affectées par le ministère de la Population, une concertation de grande envergure réunissant tous les ministères concernés et les Partenaires techniques et financiers (PTF) ainsi que toutes les ONG intervenant dans la région Androy, se tiendra les 19 et 20 février prochains à Amboasary. Ce comité interministériel sera co-piloté par le MPPSPF (Ministère de la Population, de la Protection Sociale, et de la Promotion de la Femme) et le MFB (Ministère des Finances et du Budget), sous tutelle de la Primature.  «Ce sera une grande occasion de remettre sur table  les divers plans de lutte contre le Kere déjà mis à l’étude ces dernières années, ainsi que de choisir, une bonne fois pour toute, la meilleure stratégie à adopter et d’élaborer sa mise en œuvre effective, dans les meilleurs délais, afin de mettre la population à l’abri de ce phénomène cyclique, d’une manière efficace et durable », a déclaré Onitiana Realy, MPPSPF.

Tsiokatimo : Un vent dévastateur…

En plus de la forte chaleur, et l’absence de pluie, un vent sec d’une force incroyable domine également dans le Deep South, plus précisément dans la région Androy. Ce qui rend encore plus difficile la production agricole. «Non seulement ce vent apporte avec lui beaucoup de sable qui ensevelit rapidement les champs de culture, mais également, quand il passe, il met au moins deux semaines», témoigne un paysan dans le district d’Ambovombe Androy. Ce qui constitue déjà un obstacle à l’épanouissement des activités agricoles dans cette région.

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