
Saisies en France par la douane française en décembre 2014 et gardées par la SOPTOM, ces tortues étoilées de Madagascar reviendront enfin dans leur habitat naturel à Toliara. Elles ont été reçues hier à l’aéroport d’Ivato.
Au départ, elles étaient 170 bébés tortues étoilées appartenant à l’espèce « Astrochelys radiata ». Elles avaient été enveloppées de ruban adhésif et dissimulées dans les doubles fonds de caisses contenant des concombres de mer. 15 d’entre elles avaient succombé aux conditions de transport particulièrement inadaptées du voyage. Saisies par la douane française le 14 décembre dernier, ces reptiles tétrapodes ont été placés au « Village des tortues » – géré par la Station d’Observation et de Protection des Tortues et de leur Milieux (SOPTOM) – dans le Sud de la France. A noter que cette espèce est protégée par la Convention de Washington et leur transport est totalement interdit, sauf avec un permis spécial. A son arrivée à Ivato, Stéphane Gagno, le chef animalier de la SOPTOM a souligné que « les tortues sont à la base des animaux sauvages. La vie en captivité ne les convient pas ». Heureusement qu’après près de 9 mois de soins intensifs et de démarches administratives, le rapatriement de ces tortues a pu enfin avoir lieu. « « Nous avons prodigué les soins vétérinaires nécessaires pour leur redonner des forces. Les animaux sont aujourd’hui en pleine forme et ont pris entre 40 et 60 % de poids. Cette opération s’est réalisée avec le soutien d’Air Madagascar et de l’association pour la défense et la protection des animaux en France 30 millions d’amis », a indiqué le représentant de SOPTOM.
Défis. « L’opération de rapatriement d’aujourd’hui est une grande première pour cette année », ont expliqué des responsables du service des douanes à Ivato. Elle rappelle les défis qui attendent la Grande île dans la conservation de sa biodiversité. Le trafic d’espèces protégées est un véritable fléau qui frappe les richesses aussi bien floristiques que faunistiques de Madagascar. « Il est impossible pour nous de dévoiler le prix au noir d’une tortue de cette espèce pour ne pas encourager les trafics illicites. La solution pérenne est d’associer les riverains des habitats naturels de tortues aux programmes de conservation pour endiguer ces exportations illicites », a soutenu Stéphane Gagno.
Programme de conservation. Malgré les difficultés actuelles inhérentes à la compagnie, Air Madagascar a pris ses responsabilités. Elle a pris en charge le billet du convoyeur de Marseille à Antananarivo. Elle prendra également en charge le transfert des tortues d’Antananarivo vers Toliara. D’après les informations, les tortues seront placées dans un lieu de réintroduction à Mangily, pour ensuite retrouver leur habitat naturel. La SOPTOM y soutient et cogère un centre de conservation des tortues.
« Les tortues seront mises en quarantaine. Au bout de la période d’adaptation, elles seront envoyées dans l’un des 5 centres de réintroduction de TSA. C’est à l’issue de cette période qu’elles réintégreront leur habitat naturel », a expliqué Herilala Randriamahazo du TSA (Turtle Survival Alliance). Les 151 tortues étoilées rapatriées seront donc réhabilitées et pourront intégrer le programme de conservation de cette espèce endémique de Madagascar. Ce rapatriement n’est pas une première pour Air Madagascar, la compagnie travaille régulièrement avec une autre association Salamandra Nature sur ce même chapitre. La tortue étoilée de Madagascar est endémique de l’Île rouge. On ne la trouve que dans la partie sud et sud-est, sur une bande de terre d’environ 200 km entre Amboasary et Morombe. Elle est classée dans la liste rouge : La liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). C’est-à-dire, en danger critique d’extinction.
Antsa R.