
Sensibiliser les hommes afin qu’ils sensibilisent leurs semblables afin de freiner le fléau des violences basées sur le genre (VBG), une méthode qui fait petit à petit ses preuves dans le district d’Ampanihy.
15h de l’après-midi, mardi 10 août 2021, une vingtaine d’hommes se sont donné rendez-vous auprès du Centre d’écoute et de conseils juridiques d’Ampanihy. Organisé par le centre en question et dans le cadre du projet de prévention et de réponse aux violences sexuelles et basées sur le genre à Madagascar, puis financé par la Royauté de la Norvège, l’évènement est, pour le groupe d’hommes, une opportunité de discuter des défis relatifs à la lutte contre les violences basées sur le genre dans leurs communautés respectives. Engager les hommes dans la lutte constitue «une approche prometteuse». Les sensibilisations et les discussions sont, en effet, menées par des hommes engagés qui disposent, du point de vue culturel, d’un statut supérieur à celui de la femme. «Cela met les hommes, qui sont dans la majeure partie des cas des auteurs de violence, face à leurs semblables. Ils sont ainsi plus enclins à écouter les sensibilisations étant donné que ces hommes et leurs semblables, déjà engagés, sont du même sexe», note Voahangy Razafimamonjy, intervenante sociale auprès du Centre d’écoute et de conseils juridiques d’Ampanihy.
Alliés. Les résultats se feraient déjà ressentir dans les quartiers d’Ampanihy. «Cela fait deux ans qu’on travaille avec le Centre d’écoute et de conseils juridiques. J’ai initié des réunions de sensibilisation et d’information auprès du fokonolona sur la question des VBG, sur l’importance pour les foyers d’éviter ces pratiques qui constituent des freins au développement», explique Milasoa Hoandrainy, chef du fokontany d’Andranomamy, Commune urbaine d’Ampanihy. Un statut qui aurait contribué à faire évoluer les choses. «Le fait que je sois le chef du fokontany, que je sois un homme et que ce soit moi qui invite les familles et ma communauté à changer de pratique, a fait régresser les cas de violences basées sur le genre. Mais cela demande continuellement plus d’efforts car il est important de garder et de capitaliser les acquis. J’organise fréquemment des réunions de discussions afin de leur rappeler ce qu’il faut et ne faut pas faire», note Milasoa Hoandrainy. Il conviendrait de noter que 541 leaders d’influence allant de chefs de districts, chefs de fokontany ou encore de leaders traditionnels sont sensibilisés sur la loi spécifique aux violences sexuelles et basées sur le genre dans le cadre du projet financé par la Royauté de Norvège.
José Belalahy