
La Commune urbaine d’Antananarivo a dénoncé hier des « actes d’acharnement du pouvoir central qui vont manifestement à l’encontre des lois en vigueur ».
La coupe est pleine à l’hôtel de ville d’Analakely. Hier, collaborateurs du maire, conseillers municipaux et parlementaires d’Antananarivo-Renivohitra ont dénoncé une violation flagrante de la loi dans la démarche de l’Etat qui a clôturé, par le biais du ministère auprès de la Présidence en charge des Projets Présidentiels, de l’Aménagement du Territoire et de l’Equipement (M2PATE), deux domaines publics appartenant à la commune urbaine d’Antananarivo. Il s’agit du Lac d’Anosy et d’un jardin à Mahamasina. « Il y a violation flagrante des lois en vigueur dans la mesure où toute cession d’un bien municipal ou travail de transformation ou d’aménagement effectué sur ce bien et ce patrimoine de la commune doit faire l’objet d’une délibération du Conseil municipal. Ce qui n’a pas été malheureusement fait. Pire, la CUA ne sait pas ce que le M2PATE est en train d’entreprendre dans les clôtures qu’il a érigées à Anosy et à Mahamasina. », a déploré le 2e adjoint au maire Julien Andriamorasata.
Statut particulier. Pour soutenir que la CUA a toujours ses mots à dire sur les grands travaux de transformation et d’aménagement effectués dans les limites de sa circonscription, le 2e adjoint au maire de soulever une disposition de l’exposé des motifs de la Loi n°2015-011 portant statut particulier d’Antananarivo, qui stipule : « La Commune urbaine d’Antananarivo constitue une Collectivité territoriale Décentralisée administrée par des organes propres (…) disposant des compétences spécifiques qui ont trait principalement à l’aménagement, à la coordination, à l’harmonisation et l’impulsion des actions d’administration et de développement intéressant l’ensemble de la commune (…) Dans le souci d’assurer un développement harmonieux et cohérent de la Capitale de la République de Madagascar et Métropole d’Antananarivo, il importe de lui laisser une autonomie réelle en lui permettant de s’administrer librement dans un cadre adapté ».
Un manque à gagner de plus de 2 milliards ar par an. Selon la mairie, l’acharnement du pouvoir central contre la CUA ne date pas d’aujourd’hui. « On a ordonné aux Fokontany d’enlever l’en-tête, l’emblème et le logo de la CUA sur les certificats de résidence qu’ils délivrent alors que cette compétence de délivrer ces pièces administratives aux usagers leur est conférée par la CUA en vertu de l’article 28 alinéa 2 du statut particulier d’Antananarivo qui dispose : Des relations de travail sont établies entre les comités du Fokontany et la Commune urbaine d’Antananarivo. A cet effet, le Maire peut confier au Chef de Fokontany, entre autres, l’établissement et la délivrance de certificat de résidence. », a expliqué hier Julien Andriamorasata. Ce dernier d’évoquer un autre acte d’acharnement : « Le régime en place a sanctionné la population d’Antananarivo lorsqu’il a décidé dans la Loi de Finances de 2018 qu’à partir de cette année, la CUA ne peut plus percevoir le droit de circuler dans sa circonscription. Cette décision va engendrer un manque à gagner de plus de 2 milliards d’ariary par an pour la commune. Pire, malgré son statut de capitale de Madagascar, on la considère comme une commune rurale qui n’a droit qu’à une subvention de 12 millions d’ariary par an. » Bref, pour les collaborateurs du maire Lalao Ravalomanana, des conseillers municipaux et des parlementaires d’Antananarivo, l’acharnement contre la CUA ne peut être expliqué que par un acte politique visant à déstabiliser un candidat potentiel à l’élection présidentielle de novembre 2018.
- R. Eugène