
Le Mobile World Congress (MWC) 2025, le plus grand salon mondial dédié aux technologies mobiles et numériques, que Midi Madagasikara couvre, est l’occasion pour les acteurs du numérique de présenter leurs avancées et ambitions. Madagascar y est représenté par la ministre du Développement numérique des Postes et des Télécommunications, Stéphanie Delmotte, qui a exposé la vision stratégique du pays en matière de data, d’intelligence artificielle et d’infrastructures numériques.
Selon la ministre, « nous sommes dans l’ère de la data », insistant sur le fait que la donnée doit être perçue comme une ressource précieuse, au même titre que l’or ou les terres. Actuellement dispersées entre différentes entités économiques et administratives, les données doivent être centralisées et régies par une politique nationale de gouvernance des données. Pour cela, le gouvernement prévoit d’abord de collecter les données afin d’assurer une base exploitable. Ensuite, ces données seront traitées via l’intelligence artificielle et des applications adaptées. Enfin, la sécurisation des données sera une priorité avec une régulation stricte garantissant la cybersécurité et la protection des données personnelles. Un autre volet essentiel concerne la signature électronique, qui sera progressivement intégrée dans la digitalisation des opérations administratives.
L’accès à Internet et la couverture réseau constituent des défis majeurs à Madagascar. Actuellement, le taux de couverture 4G est de 70 % de la population. Cependant, le taux de pénétration des smartphones reste limité à 24 %, freinant l’accès aux services numériques. Pour remédier à cette situation, plusieurs initiatives sont en cours. Le gouvernement prévoit notamment le déploiement de 73 pylônes afin d’améliorer la connectivité, en particulier dans les zones rurales. Un projet financé par la Banque mondiale à hauteur de 55 millions de dollars vise également à étendre le réseau télécom en collaboration avec les différents acteurs du secteur. Par ailleurs, la réduction des taxes sur les smartphones, actuellement taxés à 40%, devrait les rendre plus accessibles. Un programme de subvention permettra aussi à 664 000 téléphones d’être vendus à des prix symboliques, dont 400 000 seront spécialement dédiés aux femmes, pour lutter contre la fracture numérique.
L’intelligence artificielle est au centre des discussions du MWC 2025, et Madagascar entend y prendre part activement. La ministre a mis en avant la nécessité d’investir dans le contenu pédagogique afin de former des talents locaux aux métiers les plus demandés à l’international, notamment dans le domaine des TIC et de l’IA. Par exemple, le MNDPT soutient depuis 2021 les formations certifiantes de Huawei, via la ICT Academy et des initiatives comme Huawei ICT Competition et Seeds for the Future, où les jeunes Malgaches brillent au niveau international, renforçant l’expertise locale. D’autre part, Madagascar prévoit la création de digital centers à Antananarivo, Tamatave, Antsirabe et Fianarantsoa, qui permettront aux apprenants d’acquérir des compétences adaptées aux besoins du marché mondial tout en garantissant que les formations répondent aux exigences des entreprises internationales. Ces centres proposeront des formations ciblées sur les métiers les plus demandés, tels que le développement web full-stack, la gestion de projets numériques Scrum ou encore l’administration de systèmes DevOps. Des formations courtes de six à dix-huit mois seront également mises en place pour permettre aux jeunes d’intégrer rapidement le marché du travail. En parallèle, le pays participera aux initiatives de Smart Africa, visant à renforcer la compétitivité numérique du continent en intégrant Madagascar aux discussions et enjeux continentaux.
Le secteur numérique malgache attire un intérêt croissant de la part des investisseurs. Pour soutenir cet écosystème, le gouvernement mise sur deux axes principaux. D’une part, le programme PIC3 financé par la Banque mondiale accompagne une quarantaine de startups avec un programme d’incubation et un financement post-incubation. D’autre part, Madagascar va miser sur les digital centers évoqués plus hauts.
Interrogée sur sa vision pour l’avenir du numérique à Madagascar, la ministre a insisté sur la nécessité d’une coopération internationale. Elle a souligné l’importance de renforcer les liens avec des organisations telles que Smart Africa, l’Union européenne et les pôles d’innovation en Chine et aux États-Unis. Madagascar dispose d’atouts significatifs, notamment une population jeune et dynamique, ainsi qu’une attractivité croissante pour les entreprises de services numériques. Le pays héberge déjà plusieurs centres d’appels francophones, à l’instar d’Orange, et compte sur l’intelligence artificielle pour élargir son offre de services multilingues.
« Il faut faire de Madagascar une destination du numérique », a-t-elle affirmé, mettant en avant les infrastructures existantes et les opportunités d’investissement. Le MWC 2025 est ainsi une vitrine essentielle pour faire entendre la voix du pays sur la scène internationale et attirer de nouveaux partenaires pour accélérer son développement numérique.
Julian R.