La malgachéité fait face à la mondialisation. Elle résiste quand même, malgré le vent qui souffle depuis l’Occident. En réalité, dès le début elle était le fruit d’une rencontre de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique. Étant une île accueillante, Madagascar a absorbé des cultures. Une véritable osmose culturelle. La réaction des pseudo-conservateurs s’avère étonnante. Centrés dans une localité, ces « nationalistes primaires » ont tendance à uniformiser la tradition malgache. Ce qui n’est pas tout à fait le cas. Certes, les Malagasy d’aujourd’hui, grâce à la toile, parviennent à comprendre l’importance de l’unité nationale, mais quelque part, brandissent inconsciemment l’aspect de la diversité. L’histoire affirme tout de même que pendant l’époque des royaumes, les habitants de la Grande île considèrent ce « pays » comme un continent, vu l’immensité des territoires. De ce fait, tant les Sakalava que les Betsimisaraka supposent que leur royaume est une nation. Voulant élargir leur espace, les souverains conquérants phagocytent le royaume voisin, voire un État à part entière. Il est temps de dire les faits tels qu’ils sont. La nation malgache était encore embryonnaire du temps de Jean Ralaimongo, ce fils d’Ikalamavony qui allait de l’extrême nord à Andapa en passant par Port-Bergé dans l’intention de rassembler le peuple. Cependant, le communautarisme et l’ethnicité ont toujours été maintenus… Les deux grands partis politiques créés en 1946 ont implicitement appuyé la division. D’une manière malencontreuse, la pratique perdure. De l’indépendance à nos jours, la tonalité retentit encore. Le comble, les personnes aiguisent la hache de guerre rouillée sans connaître réellement l’histoire. La volonté de Tsiranana et ses successeurs étaient assez timides car sur le papier, Madagascar est un État mais sur le terrain la Nation est loin d’ être construite. D’autant plus, les politiciens eux-mêmes jouent les girouettes. Naturellement, la population se réfère à leur discours tantôt fédérateur, tantôt sécessionniste et ethniciste. D’autre part, les Malgaches essaient de faire table rase de leur passé avec un cœur lourd. Admettre les faits historiques, se prendre la main pour un meilleur avenir sont les seules et uniques solutions.
Iss Heridiny
