
Madagascar s’impose comme une véritable pépinière de talents dans le monde de la pétanque, un sport où la précision, la stratégie et la persévérance sont essentielles. Avec un total de 19 champions du monde, l’île rouge brille sur la scène internationale, que ce soit dans les catégories juniors ou seniors, hommes et femmes. Parmi ces figures emblématiques, une seule femme, Hanta Francine Randriambahiny, alias « Cicine », a marqué l’histoire en décrochant un titre mondial en tir de précision. Récemment, à Dijon (France), Madagascar a signé un retour fracassant avec une nouvelle victoire mondiale grâce à Daniel Riantsoa Rakotondrainibe, dit « Zigle ». Retour sur l’épopée de la pétanque malgache, ses succès, ses défis et ses ambitions.
Une tradition d’excellence
Depuis des décennies, Madagascar excelle dans la pétanque, un sport qui allie finesse technique et mental d’acier. Dès 1999, lors de la 35e édition du championnat du monde triplette senior hommes à La Réunion (France), Christian Andriantseheno, Kalias et Jean-Jacky Randrianandrasana ouvrent le palmarès malgache avec un premier titre mondial. Ce succès marque le début d’une série de victoires pour le pays. En 2003, c’est au tour des juniors de briller à Brno (République Tchèque). Sitraka Andriamampiadana, Lahatra Randriamanantnay, Zoël Tonitsihoarana et Mahefa Andriamampiadana s’imposent dans la catégorie triplette juniors, consolidant la réputation de Madagascar comme une nation redoutable. Au fil des années, des noms comme Hery, Carlos, Racle, Rinah, Lahatra, Cicine, Zigle, Mim’s, Jean, Tendry, Bolo, Faneva, Sitraka, Newton, Nanou, Miandri, Toutoune et Lova s’ajoutent à la liste des champions, témoignant de la profondeur du vivier malgache.

Cicine, la pionnière féminine
Dans cet univers majoritairement masculin, une femme se distingue : Hanta Francine Randriambahiny, surnommée « Cicine ». En octobre 2011, à Kemer (Turquie), elle devient la première Malgache à remporter un titre mondial en tir de précision, une discipline exigeante qui demande une maîtrise exceptionnelle. En finale, elle domine la Canadienne Maryse Bergeron avec un score de 33 à 24, concrétisant un rêve après deux échecs en 2002 (Canada) et 2006 (Grenoble). Discrète mais redoutable, Cicine incarne la force tranquille. Avec 35 ans de pratique, elle attribue son succès à la persévérance, au sacrifice et à l’expérience. « Pour atteindre le sommet mondial, il faut travailler dur. Il n’y a pas de miracle en sport », confie-t-elle. Consciente du manque de relève féminine, elle appelle de ses vœux l’émergence de nouvelles boulistes malgaches capables de suivre ses traces et de viser les sommets.
Un retour triomphal à Dijon
Récemment, Madagascar a de nouveau fait parler de lui sur la scène mondiale. À Dijon (France), lors du dernier championnat du monde, Daniel Riantsoa Rakotondrainibe, connu sous le pseudonyme « Zigle », a décroché le titre mondial en tir de précision. Cette victoire marque un retour spectaculaire pour le pays, confirmant son statut de puissance incontournable de la pétanque. Zigle, déjà reconnu parmi les champions malgaches, a démontré une maîtrise exceptionnelle, ajoutant une nouvelle page glorieuse au palmarès national. Dans la catégorie triplette, Zigle, Racle, Tianakely et Donald ratent le coche, battus au fil par l’Italie, et décrochent la médaille d’argent.

Une pétanque malgache en pleine évolution
Si Madagascar continue de produire des champions, le niveau de compétition s’est intensifié ces dernières années. « La pétanque à Madagascar progresse constamment. Comparé à l’époque, le niveau est plus relevé car il y a davantage de compétiteurs », explique Jean, l’un des pionniers du titre de 1999. Selon lui, la clé du succès réside dans une préparation rigoureuse et un travail acharné. Cependant, des défis persistent. Cicine pointe du doigt le manque d’expérience chez les nouvelles générations de boulistes malgaches, particulièrement chez les femmes. Malgré ces obstacles, l’enthousiasme pour la pétanque reste intact à Madagascar, où le sport est profondément ancré dans la culture populaire. Les tournois locaux attirent des foules passionnées, et les jeunes s’entraînent avec l’espoir de marcher sur les pas de leurs aînés.
En somme, la pétanque malgache est bien plus qu’un sport : c’est un symbole de fierté nationale, porté par des champions d’exception comme Cicine, Zigle et les 17 autres lauréats. Entre tradition, détermination et aspirations pour l’avenir, Madagascar reste une terre fertile pour les boulistes en quête de gloire mondiale.
Dossier recueillis par Heriniaina Samson