
Les relations entre Madagascar et l’Union européenne traversent une nouvelle zone de turbulences diplomatiques.
Seize mois après un précédent incident, la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata, a convoqué l’ambassadeur de l’Union européenne à Antananarivo, Roland Kobia, vendredi dernier. En cause : des propos jugés inopportuns, postés sur les réseaux sociaux, dans le contexte sensible de l’aide étrangère à l’occasion du sommet de la SADC. Cet épisode, qui s’inscrit dans une série de tensions répétées avec les représentants européens, soulève des interrogations sur la solidité du partenariat entre Bruxelles et Antananarivo.
La cheffe de la diplomatie malgache n’a pas mâché ses mots à l’endroit du diplomate européen. « J’ai rappelé à l’ambassadeur européen que Madagascar est un pays souverain, libre de choisir sa politique étrangère », a-t-elle déclaré à la télévision nationale, dès le lendemain de l’entretien. Elle a également insisté sur « l’importance du respect mutuel dans les relations » diplomatiques, soulignant que « la confiance et le dialogue doivent s’entretenir dans le respect mutuel ».
Cette convocation intervient après une publication sur Facebook de Roland Kobia, en date du 19 juillet dernier, dans laquelle il écrivait « l’UE ne donne pas de voitures de luxe mais met à disposition des avions et des hélicoptères pour assurer une aide structurelle aux populations isolées de Madagascar ». Ces propos, publiés dans un contexte où Madagascar venait d’officialiser la réception de 16 véhicules haut de gamme en provenance de la Chine pour les besoins logistiques du 45e Sommet de la SADC, ont été interprétés par la partie malgache comme une forme de mise en doute de ses choix de coopération.
Isabelle Delattre
Ce n’est pas la première fois que la ministre Rafaravavitafika Rasata convoque un ambassadeur de l’Union européenne. En mars 2024, la prédécesseure de Roland Kobia, Isabelle Delattre, avait été, elle aussi, convoquée après avoir émis de vives critiques sur plusieurs aspects de la gouvernance malgache lors d’une conférence de presse publique. Elle avait notamment qualifié la nouvelle loi sur la castration des violeurs de « violation de la Constitution malgache », tout en dénonçant l’état des infrastructures routières et le non-suivi des recommandations européennes sur le processus électoral. Le gouvernement avait vivement réagi, provoquant le départ anticipé de la diplomate, perçue comme trop incisive.
Cette répétition des tensions diplomatiques entre Antananarivo et Bruxelles pourrait s’apparenter à une crispation assumée de la diplomatie malgache face aux positions perçues comme intrusives de ses partenaires occidentaux. L’entretien de vendredi dernier n’a visiblement pas mis un terme au malaise, même si Roland Kobia s’est montré conciliant à sa sortie. « Ce qui se dit dans cette pièce-là doit rester dans cette pièce-là. J’apprécie le dialogue avec la ministre. Nous avons la volonté de développer les relations dans le respect de la souveraineté de Madagascar », a déclaré l’ambassadeur.
Coopération vitale
L’épisode rappelle également d’autres précédents. En 2019 déjà, l’ambassadeur de France, Christophe Bouchard, avait été convoqué par le ministre des Affaires étrangères d’alors, Liva Tehindrazanarivelo, pour des discussions liées à la question hautement sensible des îles Éparses. Cependant, l’intensité et la fréquence des récents incidents avec l’Union européenne témoignent d’un climat de tension inédit dans les relations entre Antananarivo et Bruxelles. L’enjeu dépasse la simple communication diplomatique. Il révèle une volonté affirmée du gouvernement malgache de redéfinir les termes de sa coopération internationale dans un cadre où la souveraineté nationale devient une ligne rouge.
Ce positionnement s’inscrit aussi dans une dynamique géopolitique plus large, marquée par la diversification des partenaires stratégiques de Madagascar, notamment en direction de la Chine. Ces frictions répétées pourraient fragiliser une coopération qui reste pourtant vitale, notamment dans les domaines du développement rural, de l’éducation, de la santé ou encore de la gouvernance électorale. L’Union européenne demeure l’un des principaux bailleurs de fonds de Madagascar, et les projets structurants en cours dépendent encore largement de ce partenariat.
Mais pour la diplomatie malgache, le message est clair. Il s’agit désormais de faire comprendre que les partenaires étrangers doivent composer avec une ligne rouge non négociable, celle de la souveraineté nationale. Reste à savoir si cette posture entraînera un ajustement du discours européen ou, au contraire, une crispation durable. Quoi qu’il en soit, les prochains échanges entre Bruxelles et Antananarivo seront scrutés de près.
Rija R.
Piquée au vif la diplomatie » audacieuse » et la souveraineté de façade de la » prétentieuse » et » arrogante » ministre des affaires étrangères qui doit normalement d’abord déjà faire profil bas avec les affaires scandaleuses comme les dérives de l’ACM qui secouent actuellement Rainilainga et sa clique . Sur le fond ce diplomate de l’UE n’a pas tort et pour cause . la Chine a récemment offert seize limousines de luxe au gouvernement Malagasy — un geste qui dépasse largement la simple courtoisie diplomatique. Dans un pays confronté à des défis sociaux et économiques immenses, cette « donation » illustre une forme moderne de diplomatie du don, où les faveurs matérielles servent à acheter une loyauté politique. Le président Français de Madagascar loin de défendre une souveraineté nationale solide, accueille ces cadeaux avec enthousiasme. Pour lui, c’est une occasion de renforcer son autorité intérieure et d’amplifier son image sur la scène régionale, notamment en prévision du prochain sommet de la SADC, prévu ce mois d’août à Antananarivo. Il s’agit d’un troc d’influence politique : d’un côté, la Chine gagne un partenaire docile ; de l’autre, le président malgache obtient du prestige, des moyens de propagande et un soutien stratégique pour asseoir son pouvoir, sans avoir à rendre de comptes à son peuple. À Madagascar, le pouvoir actuel continue de privilégier l’apparence au détriment des priorités nationales. La réception en grande pompe de ces véhicules, d’une valeur de plus de Deux millibars d’ariary, en est la preuve éclatante. Il est écœurant de voir une telle mise en scène autour de l’arrivée de voitures de luxe, alors que la majorité des Malgaches vit dans la précarité. Et la SADC qui a bien mouché Rainilainga un puschiste en 2009 mérite vraiment autant d’égard ? surtout aussi avec le pied de nez pour un soutien à la candidature de Richard Randriamandrato à la présidence du conseil de l’Union Africaine . Sauf peut être si Rainilainga est un vrai maso ?
Le président Tump a reçu du Prince du Qatar un B747-8 VIP en cadeau. Tout le monde a “gloussé”, au niveau national et international, sur le coût des travaux à entreprendre pour le rendre opérationnel, mais aussi sur la nature des contreparties compensatoires à prévoir.
Il parait ainsi compréhensible qu’un Ambassadeur puisse également émettre une opinion, ou s’interroger si les généreux dons de la Chine ne vont pas en fait obérer le budget d’un Etat largement en difficultés financières, équilibre budgétaire auquel son pays contribue largement?
La presse voulait elle aller plus vite que la musique, que la diplomatie ?
La diplomatie est un bien commun qui mérite largement la préservation de tous.
Si la diplomatie était une école avec ses nuances; La Souveraineté serait la manifestation de cette diplomatie .
Aussi, une mise à jour d’une diplomatie ne peut prédire tension ou malentendu.
Dans un écosystème géopolitique, diplomatique et économique que vivent les pays du monde,il ne peut être inopportun d’ ajuster le baromètre et de clarifier la position de chaque partie sur un échiquier mouvant.
Qui dit diplomatie, dit Intérêts. Trump l’a bien signifié à qui veut l’entendre. Une démarche qui a redistribué les règles, les produits et les orientations.
Madagascar qui s’est rangé dans une diplomatie du suivisme depuis plus d’un demi siècle saurait il se mettre en mode de prospective ? avec tout cela comporte d’effort et d’ adaptation.
La routine a sans doute fait son époque.