Dans une guerre asymétrique, ce n’est pas nécessairement le nombre de combattants qui donne de la victoire. Ce n’est plus un jeu de cache-cache du chat et de la souris qui se jouent maintenant entre les forces de l’ordre et les marchands de rue. Etiquette montrant bien que nous sommes devant une guérilla urbaine mettant face à face des colonnes de militaires et de policiers contre des adversaires mobiles et déterminés.
Faut-il 5 000, 10 000 hommes pour ramener ces gens à la raison ? Il est vain de penser qu’une grosse armada, à l’allure où vont les confrontations actuelles, puisse prendre le dessus. Pourquoi ? Les marchands sont au nombre de 5 000 ou plus qu’importe, ils ne sont qu’une partie de l’iceberg, avec, il y a les innombrables habitués d’Analakely et des environs qui considèrent le centre-ville comme leur cour de récréation et y vont quotidiennement à la recherche d’un (mauvais) coup à faire. Mais le plus à craindre et tout monde le sait, ces éléments ne sont que les catalyseurs d’une explosion sociale faite de tous les frustrés d’Antananarivo qui n’attendent qu’une confrontation pour converger sur les lieux de conflit. Cette déflagration téléguidée est alimentée en sous-main par les politicards (on le sait aussi) avec les gros bras dont ils disposent et ces grandes gueules, n’en doutez pas, seront là au moment où la débandade de l’ordre sera assurée. « Pour le peuple et avec le peuple ! » ils clameront. Scénario que l’on connaît aussi.
Comment on en est arrivé là ? Les promesses électorales y sont pour beaucoup, combien de candidats n’ont pas fait siennes des idées selon lesquelles, tout le monde a le droit de vendre tout et partout, parce qu’il faut bien vivre en susurrant que c’est la démocratie.
Et pourtant, ce phénomène de débordement des vendeurs sur les trottoirs voire sur la chaussée a failli être enrayé un moment. Guy Willy Razanamasy a forgé une forte dose de courage politique pour démanteler le prétendu plus grand marché ouvert d’Afrique qui allait du rond-point d’Andohan’Analakely jusqu’à la gare de Soarano. Il a pu rouvrir à la circulation l’avenue de l’Indépendance. Hélas, mille fois hélas, les hésitations et les démissions des autorités de la ville de ces dernières années n’ont fait que revigorer les marchands illicites et ramollir l’autorité des forces de l’ordre. Que voulez-vous ? Une fois, une opération coup de poing a été menée pour les enlever de leur emplacement, ils ont demandé et obtenu une dérogation de rester jusqu’à la fin de la période de rentrée, la période des bonnes affaires. Puis ils ont redemandé et ont réobtenu de faire passer la période de la Noël et des fêtes de fin d’année. Ensuite, la même chose pour Pâques et enfin rebelote pour la fête nationale. Résultat, Ils ont été présents toute l’année.
En fait, Lalao malgré une majorité confortable aux communales ne dispose pas des moyens de sa politique d’autant qu’elle prépare la campagne de son mari. Une stratégie autre pourrait être lui suggérée, celle de mobiliser son électorat et de leur dire de faire preuve de civisme en boycottant les marchands de rue et de leur dire que s’il n’y a pas de demande l’offre s’effondra d’elle-même. Aucune démarche dans ce sens bizarrement n’a été entreprise. Il faudra leur dire que pour asseoir la démocratie, il ne suffit pas de voter, mais d’être aussi responsable avec l’élu de la réalisation du programme choisi .Lalao à toi de jouer.
M.Ranarivao



