
L’histoire débute le 16 mai 2014, lorsque Alexandre Poussin et sa famille ont commencé un périple à travers Madagascar en charrette à zébus.
C’était un voyage pas comme les autres qui a su se rendre utile en apportant des appuis précieux à des ONG qui réalisent des projets en faveur dela population de l’île-continent : maternité à Vohémar, salles de classe à Antsohihy, lavoir communautaire niché au cœur de la haute ville de Fianarantsoa, dispensaire à Berevo, appareil de radiographie pour l’hôpital des lépreux de Farafangana, appui aux cantines scolaires à Vangaindrano et plusieurs autres localités, soutien à des programmes de récupération nutritionnelle d’enfants dénutris… En quatre ans, Alexandre et Sonia Poussin, accompagnés de leurs deux enfants Philaé et Ulysse, ont parcouru « seulement » 5 000 km, mais ont fait des rencontres inoubliables, vécu des situations inédites, parfois périlleuses, souvent merveilleuses pour la petite famille de « vazaha » qui, au bout de quatre ans, en sait sans doute beaucoup plus sur la Grande Ile d’aujourd’hui, que de nombreux Malgaches.
Prise de conscience. Alexandre Poussin a tenu à partager ce vécu, lors de la présentation de leur périple « Madatrek » : ce tour de Mada bouclé le 19 août 2018 au PK 0, qui a permis de financer 27 projets avec un budget total de plus de 207 000 euros, récoltés auprès de divers donateurs suite au lancement de plusieurs financements participatifs qui ont rassemblé, chaque fois, plus de 200 donateurs. Le récit d’Alexandre Poussin, au côté de l’association « ALEFA Madagasikara », samedi dernier, a permis au public présent au Pavé Antaninarenina, de prendre davantage conscience du potentiel inexploité ou mal géré de Madagascar et de mesurer l’ampleur du défaut de management des ressources naturelles, humaines et autres, dont regorge le pays.
D’« Africa Trek » à « Madatrek ». De telles aventures allant bien au-delà de la simple découverte, Alexandre et Sonia Poussin n’en sont pas à leur coup d’essai. Le couple a déjà réalisé la traversée de l’Afrique à pied, depuis le Cap de Bonne Espérance jusqu’au Mont des Béatitudes, en Israël, en suivant la vallée du Grand Rift Est africain. Les 14 000 km parcourus et pas moins de 1 200 familles rencontrées sur le chemin, leur ont permis, à travers leur série documentaire et leurs livres, de « donner une image moins pessimiste de ce continent en général et de ses habitants en particulier ». Voulant réitérer l’expérience à Madagascar, ils ont été, cette fois, accompagnés de leurs deux enfants.
Objectif. Avec leur charrette à zébus, ils se sont rendus dans des missions, ONG, associations et initiatives « qui œuvrent pour la reconstruction du pays, la restauration de son environnement et le mieux-être de populations éprouvées ou laissées pour compte ». La famille Poussin en a rencontré une douzaine. « Notre objectif est, par notre travail de réalisateurs et de reporters, de mettre en lumière leur action et leur donner un écho. Nous saisirons l’occasion pour mettre la main à la pâte. Cela reste un voyage, mais un peu plus utile et sédentaire qu’« Africa Trek ». La charrette a été autant un moyen de communication qu’un moyen de transport… », expliquent les acteurs de « Madatrek ». Rencontre avec des « dahalo » sans qu’aucune mésaventure ni fait d’insécurité ne leur soit arrivée ; découverte du quotidien du Malgache de la brousse, sa richesse et son dénuement… la charrette a été, en effet, témoin de bien d’émotions !
L’après « Madatrek ». Le périple est certes bouclé, mais l’aventure continue, annonce Alexandre Poussin. « Notre charrette va continuer à rouler par le biais des touristes. Elle figure dorénavant au catalogue du tour opérateur « Océane Aventures » en partance du domaine Saint François de l’ASA (ndlr, Ankohonana Sahirana Arenina, association œuvrant pour la réinsertion de familles en grande précarité) d’où nous sommes partis il y a quatre ans, pour un tour de Tana par les Rova, à la découverte de la culture de l’Imerina, avec nos zébus ! » Au lieu de laisser leur charrette couverte de poussières, rongée par la pluie, ou exposée dans un musée, la famille Poussin a préféré la laisser continuer à « vivre ». Leurs zébus aussi !
Hanitra R.