Le Premier ministre ne démissionnera pas. Le président Hery Rajaonarimampianina devrait donc justifier son départ par l’existence d’une faute grave ou d’une défaillance manifeste.
Le Général de Brigade Aérienne, Jean Ravelonarivo fait de la résistance. En effet, face aux rumeurs qui circulent depuis quelques temps à propos du remaniement gouvernemental, le Premier ministre refuse de se soumettre au projet. Bon nombre d’observateurs considèrent sa décision comme une insubordination contre son chef hiérarchique qu’est le président de la République. Après avoir déclaré qu’ « en tant qu’Officier Général, je refuse d’abandonner mon poste », désormais, le locataire de Mahazoarivo met en avant la Constitution pour s’accrocher à son fauteuil. Hier, il a déclaré : « on m’a nommé suivant la Constitution, je ne quitterai mon poste que conformément à cette Constitution (voir article par ailleurs) ». Une manière à lui de faire savoir qu’il refuse de quitter aussi facilement sa place. Dans son article 54, la loi fondamentale stipule que « Le président nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ». Le Chef de l’Exécutif dispose donc des pleins pouvoirs pour nommer ou révoquer le PM. L’alinéa 2 de cette même disposition prévoit également : « Il (ndlr : le président de la République) met fin aux fonctions du Premier ministre, soit sur la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement, soit en cas de faute grave ou de défaillance manifeste ». A travers ses déclarations, l’on peut s’attendre à ce que le Général Jean Ravelonarivo écarte la première option. Bien malgré son désaccord avec le numéro Un d’Iavoloha, il ne démissionnera pas. Le président Hery Rajaonarimampianina devrait donc justifier son limogeage par l’existence d’une faute grave ou d’une défaillance manifeste.
« Echec ». Bon nombre d’observateurs estiment que vu les réalités socioéconomiques du moment engendrées entre autres, par la recrudescence de l’insécurité aussi bien dans les grandes villes que dans les brousses, la pauvreté alarmante touchant la majorité des Malgaches, la corruption, la mauvaise gouvernance et les problèmes de délestage, ce ne sera pas difficile pour le Chef de l’Etat de prouver que le Chef du gouvernement a failli à sa mission de mener des réformes et de faire redécoller l’économie. Nul n’ignore également que les bailleurs de fonds ainsi que les partenaires techniques et financiers ne cessent de manifester leur insatisfaction par rapport à la lenteur, voire l’inexistence de réforme dans le cadre notamment de l’augmentation des recettes fiscales et douanières. Le même « échec » est également enregistré dans la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance. Par rapport à l’insécurité grandissante qui frappe presque toutes les régions, le Premier ministre, Jean Ravelonarivo ne peut pas renvoyer la responsabilité en tant que président de l’Etat-Major Mixte Opérationnel National (Emmonat) et de l’Organe Mixte de Conception Nationale (OMC Nat). Jusqu’ici, aucune stratégie efficace contre ce fléau n’a été élaborée. Quoi qu’il en soit, pour éviter de prendre en otage la population, le président Hery Rajaonarimampianina devrait réagir rapidement à cette affaire, tout au moins, il devrait apporter des éléments d’explications à propos de sa relation avec le Premier ministre. Hier, des réunions informelles ont eu lieu à l’Assemblée nationale. Une occasion pour les députés d’évoquer ce bras de fer entre le président de la République et son Premier ministre.
Davis R
