Le poing levé, l’enfant terrible du réseau social Facebook ne s’est pas résigné face à sa détention préventive.
Quinze minutes avant l’heure indiquée dans sa convocation, Mahery Lanto Manandafy alias Malama s’est rendu devant les locaux de la police chargée de la lutte contre la cybercriminalité. Après un court point de presse durant lequel il a insisté sur sa position, celle de ne reculer devant rien pour contrer l’actuel régime, la police judiciaire a entamé l’audition. Vers 12 heures et 45 minutes, soit après quatre tours d’horloge d’enquête, il a été vu entrant dans le violon de la brigade criminelle. Le poing levé – un geste symbolisant la lutte et le combat (vu d’ailleurs sur son profil Facebook : don’t give up and fight!) – il s’est dirigé vers la salle de détention de la police. Sa femme a annoncé que son défèrement au parquet du tribunal à Anosy se tient ce jour. Cette dernière a confirmé que le chef d’accusation reste la propagation de fausses nouvelles sur le réseau social Facebook. Les réactions ne se sont pas fait attendre après cette détention préventive de Malama. Fernand Cello, journaliste et lanceur d’alerte, un proche du concerné a fait le tour de quelques médias pour manifester son total soutien à son collègue. « Je me demande pour quelle raison on le garde à vue, un homme qui a pourtant montré sa bonne foi de répondre à sa convocation. Quant à son chef d’inculpation, Malama n’avait pas l’intention de fomenter des troubles à la différence de ces comptes “ fakes” qui prétendent protéger les gouvernants, mais dont les effets sont contraires. Malama, lui, ne s’est pas caché derrière un faux compte, il a l’éthique et la bonne foi de crier tout haut la réalité et les non-dits », a expliqué Fernand Cello dans le journal télévisé de Real Tv.
Diktat. Avant de continuer : « il n’a fait qu’une publication interrogative ». Fernand Cello a évoqué dans son intervention télévisée un deux poids deux mesures en faisant référence à ce qu’une ministre du gouvernement a fait lorsqu’elle était encore simple citoyenne. « Elle a diffamé un chef d’institution de l’époque via la publication d’une fausse nouvelle et sans la médiation de l’Ordre des journalistes du moment, elle aurait été incarcérée. Maintenant qu’elle est au pouvoir, elle poursuit tout le monde et elle est sûrement derrière cette plainte de l’État contre Malama ». Fernand de conclure qu’avec tout ce qui se passe, le pays s’achemine vers un diktat qui ne sert à rien. Très inattendu, l’administrateur civil Paolo Emilio Raholinarivo, lui aussi, a brisé le silence. « Je sais que la plainte ne vient pas du chef de l’État, mais de son entourage. Cela ne mène à rien de poursuivre et d’abuser de sa fonction pour le faire. Quand on ne veut pas être critiqué, il faut travailler dans le bon sens. Je suis de tout coeur avec Malama, un simple citoyen, influenceur et qui donne des pistes de solution face aux problèmes du pays », a-t-il expliqué dans un direct sur Facebook. Il poursuit dans la foulée pour adresser un message au président de la République : « Ne vous faites pas piéger par votre entourage, ce sont des arrivistes. Malama n’est pas un malfrat, les vrais détrousseurs dans ce pays, ce sont les trafiquants d’or, les corrupteurs, les voleurs d’yeux des enfants albinos et encore d’autres, la liste est longue ». Paolo Emilio invite les jeunes à se lever pour contrer l’injustice présente dans le pays. Hier, l’association des natifs de Fianarantsoa n’a pas manqué de manifester son soutien à l’un des leurs (Malama) et condamne cette détention. Avec cette pluie de solidarité, Malama ne semble pas courir sur un terrain… glissant.
D.R