La note de L’IFri intitulée « Madagascar gérer l’héritage de la transition» écrite par Mathieu Pellerin en novembre 2014, alimente les conversations dans divers milieux. L’Ifri précise au début de la note qu’elle « est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d’information et de débat sur les grandes questions internationales. Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, l’Ifri est une association reconnue d’utilité publique (loi de 1901). Il n’est soumis à aucune tutelle administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses travaux ».
« Maigre Bilan »
L’auteur analyse sans fard la situation à Madagascar. Ses observations le conduit à affirmer qu’un an après l’investiture « le bilan est maigre». Il estime qu’« une réédition d’un scénario de crise du type janvier 2009 ne serait pas à exclure » devant l’évolution de la situation. Mais encore faut-il que quatre ingrédients majeurs constituant les conditions soient réunies. – la volonté d’un « cercle élitaire » réuni autour de l’opposition de renverser le pouvoir en place ; – la présence d’un homme charismatique pour rassembler et mobiliser les mécontents ; – le contrôle de médias (radiophoniques essentiellement) de premier ordre par l’opposition frondeuse ; – un facteur de mécontentement suffisamment symbolique pour qu’il soit de nature à créer une dynamique de mobilisation. Pour l’heure, selon l’auteur deux seulement des quatre facteurs seraient réunis pour aboutir à un scénario semblable à celui de janvier 2009. Il manquerait « l’homme charismatique et l’élément mobilisateur ». L’analyse de Pellerin le conduit à constater la montée de l’islamisation à Madagascar. D’après lui, « l’érosion des institutions malgaches durant la période de transition expose le nouveau régime à des défis aussi cruciaux que délicats à relever. Le développement de filières à coloration mafieuse, impliquées dans différents types de trafic, que ce soit le bois de rose, l’or ou les zébus pour ceux que nous avons évoqués, est de nature à menacer jusqu’à la souveraineté de l’État malgache sous deux formes concomitantes : la pénétration de ces mafias jusqu’au plus haut niveau de l’État. Derrière l’érosion des structures de l’État, ce serait la fragilisation des individus qui pointe et leur exposition à toute forme de récupération, qu’elle soit politique, criminelle ou bien religieuse. Pour l’auteur, si les Églises dites « indépendantes » ont majoritairement profité de cette désaffection des Églises traditionnelles, elles ont également été délégitimées pour s’être engagées (pour certaines d’entre elles) aux côtés d’Andry Rajoelina. Cela aurait donc favorisé une dynamique de conversions à l’Islam, selon Mathieu Pellerin. Mais le phénomène est-il réellement à craindre à Madagascar ? peut-être pas comme en France. Il faut croire qu’après l’expérience de ces cinq dernières années difficiles, les Malgaches ne sont pas tentés d’entrer de nouveau dans une logique de coup d’Etat. Des conditions risquent de ne jamais être remplies.
Zo Rakotoseheno