
Le personnel du Trésor Public est catégorique, quant à son opposition à l’utilisation de fonds publics à des fins partisanes. La guerre est ouverte, depuis que le ministre d’Etat Rivo Rakotovao, non moins président du HVM, a communiqué les modalités de rattachement des sociétés commerciales à participation publique.
« Les sociétés commerciales, où l’Etat est actionnaire, ne doivent plus servir de vache à lait à des fins personnelles ou politiques. Il existe des lois et des principes à respecter et qui ne peuvent pas être annulés par de simples conventions ou des annonces en Conseil de Gouvernement » : tels sont les propos martelés par les membres du personnel du Trésor Public, lors d’une rencontre avec les médias, hier. Ces employés sont fermes sur leur position et refusent un retour en arrière, après six ans d’efforts et de sacrifices pour l’amélioration de la gestion des deniers publics. Il faut croire que les motifs sont graves, pour que le personnel du Trésor qui a toujours gardé le silence, fasse une manifestation de ce genre. « Les principales causes de la pauvreté à Madagascar sont les mauvaises pratiques, le manque de transparence et de compétence dans la gestion des valeurs publiques. Des réformes en profondeur ont été mises en œuvre par le Trésor avec cinq défis qui tendent vers des objectifs de bonne gouvernance, de retour à l’orthodoxie et à l’Etat de droit. La réalisation de ces changements ont nécessité des efforts, des sacrifices et des coûts financiers. Aujourd’hui, certains responsables veulent revenir à la situation d’avant, qui aboutirait pourtant à des résultats désastreux, d’après les expériences acquises », a indiqué le directeur général du Trésor, Orlando Robimanana.
Echecs. Certes, les pratiques avant ces changements apportés au niveau du Trésor public sont indésirables pour le peuple malgache. Sur les 167 sociétés d’Etat, il n’en reste aujourd’hui que 54, dont plus de la moitié sont au bord de la faillite. Le problème réside dans le fait que les dirigeants ont tendance à confondre l’Etat de puissance publique et l’Etat actionnaire. Selon la loi 2003-036, aucune autorité publique ne peut s’ingérer dans la gestion des sociétés à participation publique. Or, des ministres qui se sont succédé ont pris l’habitude de nommer des responsables et de prendre des décisions sur la gestion de ces sociétés, sans passer par l’assemblée générale. « La loi en vigueur stipule que l’assemblée générale prend les décisions dans les sociétés commerciales à participation publique ; le Conseil d’administration s’occupe de la gestion ; et la direction générale, de l’exécution », souligne les membres du personnel du Trésor public. « Des réformes ont également été apportées par des textes de loi promulgués et publiés en 2014. Cela précise la séparation du rôle de tutelle technique et celui de la gestion. Aucun Décret ni communiqué de ministères ne peut abroger ces lois », souligne Vohanginirina Alberte, délégué du personnel au sein du Trésor.
Désespoir politique. Même si dans tous les pays, la gestion des fonds, des titres et des valeurs publiques relève du rôle naturel du Trésor public, la situation semble différente dans la Grande Ile. « Tout le monde veut prendre la place du Trésor, lorsqu’il s’agit de recettes comme les dividendes, la gestion des sociétés d’Etat, etc. Mais personne ne s’intéresse à assurer les dépenses comme les obligations ou les autres types de paiement », a évoqué le DG du Trésor. En effet, la gestion de ces sociétés où l’Etat est actionnaire, permet aux intéressés de débloquer des fonds, pour des motifs politiques. D’après les informations, le Trésor public aurait reçu la demande de débloquer 40 milliards d’Ariary. Le port de Toamasina aurait également reçu l’ordre de fournir des milliards, pour financer des projets du ministère d’Etat. Des demandes qui n’ont pas été satisfaites, jusqu’ici. A croire que ce manœuvre, certainement autorisé malgré la mauvaise image que cela va susciter aux yeux des bailleurs, a été poussé par un désespoir, comme le ministre Rivo Rakotovao a du mal à trouver des financements pour les projets de son département, à l’exemple de la réhabilitation des routes d’Antananarivo, qui crée des tapages, depuis déjà des mois.
Antsa R.