La cacophonie est toujours présente. La classe politique bouillonne dans la dispersion de ses membres. Jusqu’à présent à l’Assemblée nationale, le poste de chef de l’opposition est libre. On ne se bouscule pas pour l’avoir. Dans les forums, la société civile veut s’imposer mais son poids réel laisse planer des doutes sur la qualité de ses idées. Quant aux rumeurs qui circulent en ce moment, une convention du 14 octobre très politique d’une part et une charte pour la gouvernance du développement ouverte à toutes les forces vives d’autre part. Voilà deux options qui différent par leurs visées et leurs objectifs. La première ciblerait le changement de gouvernement voire l’élaboration d’une nouvelle Feuille de route. La seconde se concentrerait plus sur l’appel au rassemblement autour de principes et de valeurs citoyennes. En résumé, les préoccupations des uns et des autres sont différentes dans la conjoncture politique tendue actuelle.
Majorité stable
Sinon, Marc Ravalomanana s’est tu après ses déclarations qui ont pris de court ses lieutenants. Sa déception, d’abord de ne toujours pas pouvoir rentrer, mais surtout la mauvaise gouvernance qu’il constate, l’a poussé à redéfinir sa position et à retirer son soutien du régime au pouvoir. La mouvance Ravalomanana, en particulier ses responsables sur place n’ont pas eu de réaction. Attendraient-ils d’autres consignes plus précises de leur chef exilé en Afrique du Sud ? Les avis des militants dans ce camp divergent au point de faire dire à certains que Marc Ravalomanana risque d’être lâché par ses lieutenants. Mais une chose apparaît pourtant évidente. Si la mouvance Ravalomanana décide de se retirer, le poste de chef de l’opposition inoccupé à l’Assemblée nationale est à sa portée. Mais encore faut-il que les députés de la mouvance se rangent dans l’opposition. L’unique ministre que l’entité dispose au gouvernement n’est pas prêt de rendre son tablier. Pour des observateurs, un retrait de soutien de la mouvance Ravalomanana dont le candidat a gagné 47% des voix aux dernières présidentielles, laissera un vide énorme, en termes de légitimité politique du régime en place. Que restera –t-il au régime de crédibilité si les deux ailes du Mapar qui n’ont aucune sympathie pour Hery Rajaonarimampianina retirent aussi leur soutien ? Mais cette option ne risque pas de se produire. Quelques parlementaires de ce groupement ont affirmé qu’ils ne se placeront pas en opposants au régime malgré les divergences. La situation politique demeure floue et complexe. Mais une chose est sûre, le président de la République a besoin d’une majorité politique stable pour asseoir sa stratégie de développement. Le Mapar qui se considère comme victime n’attend qu’un signe pour revenir au bercail. La mouvance Ravalomanana, de même, a besoin d’assurance. La balle est donc dans le camp du président. Il faut savoir que tout soutien ne peut qu’être bénéfique pour le renforcement de sa légitimité politique.
Zo Rakotoseheno