
Le MMM reste optimiste quant à la refondation du régime, visant une gouvernance améliorée et une décentralisation effective, malgré les interrogations sur le système actuel. Interview !
Midi Madagasikara (M.M.) : Deux mois après la chute de l’ancien régime et l’instauration du nouveau gouvernement, quel bilan le MMM dresse-t-il du régime actuel ? Peut-on dire que la refondation suit son cours ou est-elle déjà à un tournant décisif ?
Malagasy Miara Miainga (M.M.M) : Avec ce changement de régime sans précédent, nous saluons des avancées incontestables, notamment la fin d’un système de gouvernance que nous avons longuement dénoncé pour ses dérives et son opacité. Ça traduit l’ouverture d’un cycle de refondation assumé comme tel, avec un président de la Refondation et un gouvernement qui comprennent les enjeux socio-économiques majeurs et une prise en compte des revendications portées par la jeunesse et la société civile. Les jeunes ont été le carburant de ce basculement porté par l’ensemble de la population.
Nous devons également reconnaître la bravoure de l’armée conduite par le Président Michaël Randrianirina traduisant une prise de responsabilité dans le dénouement de la crise. Son engagement a été sans faille pour maintenir le pays dans l’ordre constitutionnel.
Pour le MMM, la priorité réside dans le rétablissement de l’État de droit et l’enclenchement d’un processus de concertation nationale afin de répondre au mieux aux priorités sectorielles, autrement dit aux aspirations du peuple.
Pour nous, la refondation n’est pas un slogan, c’est un processus politique exigeant. Le rôle du MMM, dans ce contexte, est d’exiger de la cohérence, de la transparence et un calendrier clair, tout en participant de manière responsable à la stabilisation du pays.
M.M. : Le MMM est souvent accusé, à tort ou à raison, de jouer un rôle central, voire de tirer les ficelles, surtout à Mahazoarivo. Peut-on affirmer que le parti a su tirer parti du départ de l’ancien régime? Comment se déroulent aujourd’hui les relations avec les autres partis du nouveau gouvernement ?
M.M.M : Il faut clarifier les choses. Le MMM n’a jamais cherché à tirer les ficelles dans l’ombre. Notre ligne a toujours été publique, assumée, y compris lorsque nous avons pris nos distances avec l’ancien régime et dénoncé ses abus. Nous n’avons pas attendu la chute du système pour dire ce qui n’allait pas.
Dire que le MMM tire parti du départ de l’ancien régime est une simplification. En revanche, nous assumons le fait que cette rupture ouvre une voie pour remettre le pays sur de meilleurs rails, et nous voulons que le travail enclenché bénéficie à la Nation, pas à un clan.
Concernant l’action publique, nous soutenons les mesures qui vont dans le sens de l’apaisement, de la justice et de la préparation d’élections crédibles. Toutefois, nous restons vigilants en cas de dérives ou de retour aux pratiques anciennes.
Nos relations avec les autres partis sont à la fois pragmatiques et exigeantes. Il y a des convergences sur la nécessité de stabiliser le pays. Le MMM privilégiera toujours le dialogue, mais ne renoncera pas à ses principes pour des arrangements de circonstance. Par ailleurs, nous regrettons les critiques et attaques infondées menées ardemment par certains partis politiques contre nous.
M.M. : Concernant la Concertation nationale, quelle sera la position du MMM ? Le parti compte-t-il participer activement à ces dialogues ? Et si oui, quelles seront ses revendications principales pendant ces discussions ?
M.M.M : Oui, le MMM souhaite participer activement à la concertation nationale, estimant qu’une refondation de la République sans les forces politiques organisées est inconcevable. Il met en avant plusieurs priorités : une feuille de route claire, une refonte de la gouvernance avec une décentralisation effective, une réforme électorale garantissant l’équité des scrutins, et un développement socio-économique inclusif, notamment pour les PME et les investissements. Le MMM plaide également pour une meilleure prise en compte des réalités régionales, des garanties sur les droits et libertés, ainsi que des mesures contre l’impunité et la corruption. Il se présente avec des propositions structurées, prêt à construire des compromis pour le bien du pays.
M.M. : Quelles sont les priorités du MMM dans le cadre de cette refondation ? Le parti travaille-t-il sur une proposition de nouvelle Constitution à soumettre durant la Concertation nationale ?
M.M.M : Le MMM, dans le cadre de la refondation, se concentre sur trois priorités principales : 1) Repenser l’État et ses institutions pour sortir du présidentialisme, renforcer l’indépendance de la justice, et garantir la transparence et la neutralité de l’administration. 2) Refonder le contrat social en plaçant la lutte contre la pauvreté et les inégalités au cœur du développement, tout en garantissant l’accès aux services essentiels et un développement économique équitable. 3) Réaffirmer l’importance de la décentralisation, en donnant plus d’autonomie et de responsabilités aux collectivités territoriales. Le MMM travaille également sur des propositions de modification de la Constitution, visant à restaurer la confiance entre le peuple et ses institutions.
Recueillis par Julien R.



