Les effets cumulés de la malnutrition font perdre à l’économie malgache 3384 milliards d’ariary par an, soit autour de 1,5 milliard de dollars, selon le rapport « Coût de la faim en Afrique », lancé hier dans le cadre de la visite du SG de l’ONU dans le pays.
Une perte économique de 3 384 milliards d’ariary résultant des effets cumulés de la malnutrition. C’est l’équivalent de 14,5% du PIB (produit intérieur brut) du pays. La situation en matière de nutrition à Madagascar a été décortiquée dans le cadre de l’étude sur le « Coût de la faim en Afrique » (CDFA), ayant permis d’évaluer les coûts sociaux et économiques engendrés par la malnutrition infantile. Avec un enfant de moins de 5 ans sur deux, affecté par un retard de croissance pour cause de malnutrition et presque 1 enfant sur dix de la même tranche d’âge sur l’ensemble du pays, souffrant de malnutrition, l’ampleur du problème de malnutrition à Madagascar est préoccupante.
Deuxième. Le rapport CDFA met en évidence une situation qui a suscité l’inquiétude de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU. Lors de son discours devant le Parlement hier, il a souligné, en évoquant cette étude que « les résultats font partie des plus élevés en Afrique et indiquent l’urgence pour l’Etat de Madagascar à mobiliser davantage d’efforts pour réduire de manière significative le niveau et les effets de cette malnutrition ». Sur les 10 pays étudiés dans le cadre du CDFA, à savoir l’Egypte, l’Ethiopie, le Ghana, le Burkina Faso, le Malawi, le Rwanda, le Tchad, l’Ouganda, Swaziland et enfin Madagascar, la Grande Ile est le deuxième pays, après l’Ethiopie, enregistrant les pertes économiques les plus élevées, dues à la malnutrition. Les résultats de l’étude mettent en évidence la nécessité d’augmenter de manière significative l’investissement dans la nutrition et ce, dans une approche multisectorielle, impliquant divers secteurs, de l’agriculture à la santé en passant par l’eau-hygiène-assainissement, la sécurité alimentaire ou encore la protection sociale.
Plan d’investissement. La mise en œuvre du plan d’investissement pour la nutrition, lequel prévoit, avec l’appui des Nations Unies, un investissement de 40 millions de dollars par an, pourrait amorcer une courbe décroissante des pertes économiques engendrées par la malnutrition. Trois volets, correspondant à trois paquets d’interventions, composent ce plan. Le premier (paquet 1) touchant la population en général, concerne l’iodation universelle du sel et la fortification des aliments de grande consommation (huile, farine). Le second (paquet 2) est composé du paquet 1 auquel s’ajoutent les suppléments de vitamines et minéraux, les compléments alimentaires riches en énergie et protéines, le déparasitage et la prévention/traitement du paludisme. Et enfin, le troisième est composé des paquets 1 et 2, auquel s’ajoutent la promotion des bonnes pratiques d’allaitement maternel et de l’alimentation complémentaire, les traitements de la malnutrition aiguë et de la diarrhée. Si la mise en œuvre de ce plan d’investissement se déroule de manière satisfaisante, on pourra alors envisager un retour sur investissement de 2 milliards de dollars sur 10 ans, soit un ratio de 1 dollar investi pour 5 dollars gagnés.
Hanitra R.