Une grande première. Mamy Ravatomanga, Président Directeur Général du Groupe Sodiat, sort de son mutisme. Ayant été au centre des polémiques depuis belle lurette, il décide finalement d’apporter sa version des faits. Lors d’une émission spéciale diffusée hier soir sur trois chaînes télévisées, l’homme d’affaires a évoqué tous les dossiers chauds qui le concernent depuis la période transitoire jusqu’à ce jour. Entre autres, les dossiers relatifs aux trafics de bois de rose, les affaires Mbola Rajaonah et Rolly Mercia, en passant par les accusations de monopole dans différents secteurs d’activités, ainsi que sa relation avec le président Andry Rajoelina.
« Je suis un entrepreneur malgache, mes entreprises font vivre 4000 familles. Et je ne vais pas hypothéquer tout cela pour des trafics qui peuvent tout gâcher. Entreprendre, c’est voir loin et penser à ses collaborateurs avant tout ». C’est ce qu’a martelé d’emblée le PDG. En tant qu’opérateur économique, le numéro un de l’empire Sodiat décide d’ouvrir le débat en proposant des solutions pour faire face à la crise économique mondiale. Mamy Ravatomanga, convaincu que le secteur privé est le moteur de l’économie d’un pays, propose d’encourager les investissements et de promouvoir la création d’entreprises malgaches et la création d’emplois pour sortir les familles de la pauvreté. Le PDG de Sodiat lance un appel à la mobilisation et à la solidarité des entrepreneurs malgaches. « Nous devons apprendre à nous soutenir, au lieu de nous détruire mutuellement », propose-t-il. Faisant référence à son expérience en tant qu’investisseur, Mamy Ravatomanga reconnaît que créer et pérenniser une entreprise constitue une tâche difficile. « Au lieu de persécuter les entrepreneurs étrangers, ayons comme ambition de les égaler. Osons faire mieux et être compétitifs sur le marché », lance-t-il.
Monopole. Mamy Ravatomanga réfute toutes les accusations de monopole portées à son encontre concernant, entre autres, les filières litchis et crabes. « Il n’y a pas de monopole dans la filière litchis à Madagascar, puisqu’il y a plusieurs dizaines d’entreprises qui exportent ce produit au sein du Groupement des Exportateurs de Litchis (GEL) à Madagascar », a-t-il expliqué. Et de souligner au passage que l’exportation de litchis fait partie des activités du Groupe Sodiat depuis plus de 10 ans. D’après ses explications, les agréments délivrés par le GEL sont signés par deux personnes, à savoir le président du GEL et une autre personne élue tous les deux ans au sein du Conseil d’Administration. De plus, durant le régime Rajaonarimampianina, Mamy Ravatomanga a toujours été élu pour être le second signataire. En ce qui concerne la filière crabes, le patron du Groupe Sodiat rejette également les accusations. « Je ne suis pas dans cette filière et je ne compte pas m’y investir. Mais il n’est pas impossible que les gens usent et abusent de mon nom pour faire leurs méfaits », explique-t-il.
Bois de rose. À propos du trafic de bois de rose, il reconnaît qu’une enquête a réellement été ouverte à son encontre suite au témoignage d’une personne qui s’est présentée comme étant un représentant de l’autorité à Madagascar à l’époque. « Mes biens ont été saisis, notamment trois constructions en France que j’avais achetées sur place, sous prétexte qu’elles étaient le fruit du trafics de bois de rose. On m’a accusé de trafic durant la transition, alors que j’avais acheté ces maisons en France en 2008, bien avant la transition. Mais en 2019, après des perquisitions et enquêtes, le Parquet National Financier a sorti un jugement, levant les saisies de tous mes biens. D’ailleurs, l’auteur dudit témoignage a reconnu avoir fait un faux témoignage en 2020, en s’excusant par le biais de plusieurs lettres ».
Rolly Mercia. Concernant l’affaire Rolly Mercia, Mamy Ravatomanga de déclarer que l’ex ministre lui a écrit à maintes reprises. Il affirme aussi n’avoir aucun problème avec son ancien collaborateur. « Seulement, à ce stade du dossier, il n’y a plus de plainte à retirer puisque son jugement a déjà été prononcé », déclare le PDG de Sodiat. En revanche, par rapport à l’affaire Mbola Rajaonah, Mamy Ravatomanga affirme qu’il n’a rien à voir dans cette affaire. Et lui de rappeler que cette grande figure du HVM a été arrêtée pour infraction douanière. Questionné sur son implication dans des sociétés offshores et l’affaire Panama Papers, cet opérateur de renom déclare que « toutes les sociétés offshores ne sont pas forcément illégales. Il y a des lois qui régissent les sociétés. Certains pays offrent des avantages fiscaux pour attirer des investisseurs étrangers ».
Interventions. Mamy Ravatomanga rejette aussi toutes les suspicions de trafic d’influence et d’intervention. « Je n’ai jamais nommé personne, je n’en ai pas le pouvoir », explique-t-il. Contrairement à d’autres investisseurs et acteurs politiques qui ont décidé de s’exiler pour se soustraire à la Justice, le numéro un du Groupe Sodiat prévoit de rester au pays quoiqu’il arrive. « Je suis un entrepreneur malgache. Je resterai toujours à Madagascar et s’il le faut, je répondrai présent aux enquêtes me concernant, comme je l’ai toujours fait », soutient-il. C’est Mamy Ravatomanga qui a aussi évoqué l’affaire JIRAMA durant cette émission. Selon ses dires, sa société MMP-BTP n’aurait fait que remplir sa part du contrat qui consiste à la maintenance des groupes électrogènes, suite à la sollicitation de l’entreprise privée qui a eu le marché. Mamy Ravatomanga a tenu à faire savoir que contrairement aux rumeurs, il n’envisage en aucun cas de se lancer dans le secteur de l’énergie, encore moins de racheter la JIRAMA.
Soutien inconditionnel. Pour ce qui est de sa relation avec le président Andry Rajoelina, Mamy Ravatomanga affirme qu’il est en bons termes avec le chef de l’Etat. « Il n’y a pas de raison que cela change », a t-il affirmé. D’ailleurs, pour les élections à venir, le patron du Groupe Sodiat réaffirme son soutien inconditionnel à l’actuel homme fort du pays. « Même si le président Andry Rajoelina décidait de ne pas se présenter, je lui dirai qu’il devrait continuer la route qu’il a commencée à tracer pour achever ses projets pour Madagascar », a-t-il déclaré d’un ton ferme et déterminé. Il a aussi fait savoir que l’association AFF, que dirige son épouse, n’envisage de présenter aucun candidat à la présidentielle. « L’AFF a pour but de faire des œuvres caritatives et sociales. C’est tout. », martèle-t-il.
Davis R