Une fête dans le sens plein du terme, à la limite de la catharsis, le concert « Manala azy vita bacc » d’Olombelo Ricky au stade annexe de Mahamasina a rassemblé des milliers de spectateurs et spectatrices. La promesse a été tenue.
En toile de fond sous un ciel lumineux, la colline surplombée par les palais d’Anatirova et d’Andafiavaratra. En guise de public, la communauté du Tananarive fêtarde à l’élégance décomplexée. Sur scène, Olombelo Ricky, chevillé durant presque tout le déroulé de son concert au stade annexe Mahamasina derrière ses percussions. Après plus de 30 ans de « Manala azy vita bacc », il est permis de dire que l’artiste a su instaurer une institution, une tradition inscrite dans le Madagascar post-décolonisation. La capitale a connu, auparavant, la fête de l’Armée du 26 juin, une institution auprès de la génération 40, 50 et 60. Elle aimait également les matchs de rugby de Mahamasina qui comptaient dans l’assistance des grands écrivains et l’aristocratie locale. Il n’est pas faux de dire qu’Olombelo Ricky a réussi à élever son concept au même rang que ces nombreux rendez-vous populaires et historiques tananariviens d’antan. Ces moments dans l’histoire ont forgé peu à peu l’identité de la cité. Côté spectateurs et spectatrices, cette impression de renouvellement réjouit le simple amateur de cette fête annuelle. À côté des quinquas aux cheveux poivrés, les petits frères emmenés par les oncles pour apprécier leur premier « Manala azy vita bacc » s’ajoutent à l’assistance. Ces petits frères de l’époque sont aujourd’hui des pères de famille ou des maris acquis à la cause. Comme toute coutume est appelée à s’adapter aux réalités, le traditionnel feu de joie avec les sujets et brouillons du baccalauréat pendant qu’Olombelo Ricky entonne « Eo anilanao eo » peut être relégué à un autre temps. Signe qu’une autre dimension est franchie. Perspicaces, l’artiste et l’organisateur Miritsoka n’ont principalement pas visé les candidats et candidates de cette année scolaire. Tandis que dans les bribes de souvenirs laissés par les arômes et les nectars d’ambiance de ce samedi après-midi, sa prestation sur « Mahatsara vahiny » a rappelé les premiers pas du chanteur vers la notoriété. Des paroles et une musicalité novatrices pour les années 90. Dans le stade annexe Mahamasina, le public danse sur les arrangements au bon souvenir du maestro des maestros Tôty. « Cette chanson est en mémoire à Tôty, Richard Razafindrakoto, Pana… Beaucoup sont maintenant partis », aligne Olombelo Ricky avant de se lancer sur « Antsampandrano ». Des milliers de mains pointent le ciel, soutenues par un cri solidaire depuis la fosse. « M’vibre » fait toujours son effet, le rythme entraînant et le texte inspiré de cérémonie rituelle rend unique l’assise artistique du chanteur. Une sorte de revendication sans concession à l’identité culturelle malgache. Sur le titre engagé « Soanaly », la portion « Ireo taninay sy tanim–bary », il remplace la deuxième partie « totofan–dry Fatsoraly hosehiny » par une invocation « vous le savez » adressé au public. Le stade annexe exulte que seul(e)s ses inconditionnel(le)s comprendront. Les « Izy indrindra », « Odiaina », « Tsy mety milaza », l’inattendu « 1 + 1 », « Mbola zaza » renversant de romantisme, « Tretrika »… ont complété le répertoire.
Maminirina Rado