Depuis janvier 2023, l’Arabie saoudite investit massivement dans le football et son championnat local a largement débauché parmi les internationaux africains, séduits notamment par les salaires mirobolants. La CAN, qui s’ouvre samedi 13 janvier, sera l’occasion pour ces joueurs de montrer que leur « exil saoudien » n’a pas affecté leur talent ou leur capacité à porter leur sélection.
L’année 2023 était une année des grandes manœuvres dans le football pour l’Arabie saoudite. Conclue par l’attribution de l’organisation de l’édition 2034 de la Coupe du monde, elle a notamment vu le royaume faire des folies en matière de transferts, saignant les championnats européens de certaines de leurs plus grandes stars. Ronaldo, puis son ancien partenaire Benzema, furent les premiers à lancer le mouvement. Depuis, plusieurs grands noms du football mondial ont succombé aux salaires faramineux proposés par des clubs saoudiens aux moyens quasi illimités. Et parmi eux, un certain nombre de joueurs africains, à commencer par les anciens lauréats du titre de meilleur joueur du continent, Sadio Mané et Riyad Mahrez. Avec cinq joueurs, issus de la Saudi Pro League, le Sénégal compte le plus gros contingent de « Saoudiens », suivis par le Cameroun (4). La Côte d’Ivoire et le Maroc en comptent également trois chacun.
Sadio Mané (Sénégal, Al-Nassr). À tout seigneur, tout honneur. Le champion d’Afrique 2022 et meilleur joueur du continent cette même année, Sadio Mané, se place de manière évidente en haut de notre liste des joueurs de Saudi Pro League à surveiller. Beaucoup de choses ont changé pour le Lion de la Teranga depuis ce titre. Sadio Mané a quitté Liverpool, le club qui l’a révélé au monde et avec qui il a tout gagné, pour rejoindre les rangs du Bayern Munich où il n’a fait qu’une année en demi-teinte. C’est donc à contre-cœur qu’il a fait le choix du départ vers l’Arabie saoudite à l’été 2023. Le Sadio 2024 est-il toujours aussi décisif ? Le sélectionneur Aliou Cissé le croit : «Il est en train de revenir à son meilleur niveau», a-t-il tenté de rassurer.
Riyad Mahrez (Algérie, Al-Ahli). À 32 ans, le virevoltant gaucher de l’Algérie a débarqué dans le championnat saoudien après une carrière bien remplie : révélé lors de l’improbable titre de Leicester en 2016 (17 buts, dix passes décisives), il a dans la foulée signé à Manchester City où il a remporté tous les titres possibles à de multiples reprises, avec un triplé championnat, coupe d’Angleterre, Ligue des champions en guise de bouquet final. Cependant, le capitaine des Fennecs n’est pas rassasié. En 18 matches de Saudi pro league, il a déjà inscrit 8 buts et délivré sept passes décisives. Celui qui a déjà porté l’Algérie vers le titre en 2019 veut faire oublier la piteuse élimination dès le 1er tour de 2022 pour sa cinquième participation à la compétition. Riyad Mahrez avec l’Algérie : 89 matches disputés, 30 buts, 40 passes décisives.
Yassine Bounou (Maroc, Al-Hilal). Sur les tablettes du Real Madrid et du Bayern Munich, Yassine Bounou a finalement été transféré au club saoudien d’Al-Hilal, où il évolue désormais aux côtés de Neymar. Un choix qui a fait parler, tant les performances de Bounou l’ont consacré comme l’un des meilleurs gardiens au monde ces dernières années. Lors de ses cinq ans avec le FC Séville, il a disputé 142 rencontres, gardé sa cage inviolée 58 fois, remporté deux Ligues Europa (2020, 2023) et même inscrit un but lors de la 28e journée de Championnat 2020-2021, arrachant l’égalisation face à Valladolid dans les arrêts de jeu. Avec le Maroc, il fut l’un des artisans de l’épopée ayant emmené l’équipe en demi-finale de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Le meilleur gardien africain 2023 devra à nouveau montrer l’étendue de son talent si le Maroc entend briser sa malédiction à la Coupe d’Afrique.
Seko Fofana (Côte d’Ivoire, Al-Nassr). L’international ivoirien Seko Fofana est désormais coéquipier de Cristiano Ronaldo à Al-Nassr. Le milieu de terrain de 28 ans a fait le choix de quitter le RC Lens au moment où le club s’apprêtait à retrouver la Ligue des champions, fort d’une saison où l’Ivoirien a aidé les Sangs et Or à « chicoter » ses adversaires. «Il y a l’aspect financier, qui, il ne faut pas le cacher, est incroyable. Mais il ne faut pas se limiter à ça. Il faut venir voir ici, les clubs, les infrastructures. Tous les jours, je m’entraîne avec de grands joueurs. Je viens de jouer huit matches en un mois. Je prends énormément de plaisir au quotidien. Vraiment, je suis en paix avec mon choix», avait indiqué l’ancien lauréat du Prix Marc-Vivien Foé, qui s’imagine toutefois revenir en Europe d’ici la fin de sa carrière. La CAN sera l’occasion parfaite pour taper dans l’œil des recruteurs alors que son début de saison avec Al-Nassr est contrasté.
Karl Toko Ekambi (Cameroun, Abha). Deuxième prix Marc-Vivien Foé de cette liste, Karl Toko Ekambi aura la lourde charge de porter l’attaque des Lions indomptables avec son compère Vincent Aboubakar. Les deux Camerounais avaient multiplié les coups de canon en 2022 pour leur Coupe d’Afrique à domicile : 5 buts pour “KTE” et un titre de meilleur buteur pour Aboubakar. Indésirables à Lyon après son retour de prêt de Rennes, Karl Toko Ekambi a fait le choix de l’Arabie saoudite pour se relancer. Et compte désormais briller à la CAN avec le Cameroun, éternel favori de la compétition. Karl Toko Ekambi avec le Cameroun : 57 matches disputés, 13 buts, 3 passes décisives.
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