Bombe lacrymogène, cette « eau de cologne » de la révolution qui provoque la sécrétion de larmes, les Malgaches ne désirent plus sentir l’odeur piquante qu’elle diffuse. Alors, de tout cœur, ils soutiennent leurs leaders à leur façon, recroquevillés sur leurs téléphones portables. Les onze candidats ont manifesté dans les rues de la ville des Mille. Maigrement assistés au début, ils gagnent de plus en plus de public ces deux derniers jours. À vrai dire, la contestation est diffusée sur la toile. Heureusement que la technologie permet aux internautes de connaître en temps réel le déroulement de l’évènement. Protestation en ligne, dixit un usager du réseau social Facebook. Les Malgaches sont pertinemment persuadés que manifester sur l’Avenue de l’Indépendance est révolu. Ce n’est pas une question de lâcheté. Les crises qui se sont succédé n’ont pas été bénéfiques. Du reste, la grève est regardée en « streaming ». Assis sur leur canapé, ou en dormant dans leur lit, les spectateurs ne font que commenter, et ironisent parfois sur les acteurs dans le feu de l’action. « C’est trop… Non à la violence… Courage mes chers compatriotes, force à vous », tels sont les extraits des commentaires de nos manifestants en ligne. Le sociologue, Luc Ndriamaniriaina Raherihasina, essaie d’expliquer cette attitude. « Ils restent dans leurs demeures… Cela a débuté en avril 2018. Lors de la manifestation des 73 députés. Le peuple est encore traumatisé par l’événement du 7 février 2009. Alors, certains trouvent que le seul moyen de participer est de commenter… des mots, voire des injures. C’est pour se soulager ».
Iss Heridiny