
Jets de pierres et tirs de lacrymogène ont été échangés entre les étudiants de l’Ecole normale supérieure et les forces de l’ordre. Le leader des étudiants a été blessé et trois autres ont été arrêtés
Chaos à Ampefiloha et ses alentours. C’est ce que l’on peut dire de la circulation sur place dans la matinée d’hier. Munis de leurs banderoles, les étudiants de l’Ecole normale supérieure (ENS) sont descendus dans la rue vers 9h 30. Ils réclament leur recrutement systématique. Pour se faire entendre, ils ont brûlé des pneus et ont bloqué la circulation pendant un certain moment. De ce fait, un embouteillage a été observé dans les parages. Pour fluidifier la circulation, les éléments des forces de l’ordre se dépêchaient sur place pour disperser les manifestants. Mais comme à l’accoutumée, ces derniers n’ont pas cédé facilement et ont jeté des pierres à leur encontre. Des bombes lacrymogènes ont été utilisées en riposte aux jets de cailloux. L’affrontement s’est soldé par un blessé et trois arrestations du rang des manifestants. « Nous revendiquons le recrutement systématique des étudiants normaliens, qui a d’ailleurs déjà fait l’objet d’un protocole d’ accord signé en 2018. Cette manifestation s’intensifiera jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites. Nous condamnons le recours excessif à la force car c’est une manifestation pacifique », selon le porte-parole des étudiants.
Garde à vue. Les étudiants arrêtés ont été auditionnés par la police. A l’heure où nous mettons sous presse (ndlr 17h36), ils sont toujours placés en garde à vue au commissariat de la police du 4ème arrondissement. Leurs camarades, quant à eux, ont observé une réunion à huis clos après l’altercation avec les éléments des forces de l’ordre. Selon leurs dires, bon nombre d’entre eux sont diplômés, mais ne sont pas encore intégrés dans la fonction publique. « Les ministres qui se sont succédé ont toujours voulu placer la barre très haute en misant sur le recrutement des étudiants sortants des grandes écoles. Cette grève ne datait pas d’hier mais les responsables ont toujours trouvé des moyens pour nous faire taire en faisant des promesses qu’ils ne pourront même pas tenir », se désole un étudiant.
Illusion. Malgré leur empressement, les étudiants doivent prendre leur mal en patience. Selon une source proche du dossier, ce fameux protocole d’accord d’une grande envergure a été signé par le directeur des ressources humaines de l’époque alors qu’il engage ce ministère et celui de l’Enseignement supérieur. Cette source a aussi indiqué qu’il serait difficile de procéder au recrutement systématique de tous les normaliens car le processus dépendra uniquement du poste budgétaire disponible. « Le recrutement se fera également en fonction des besoins des zones pédagogiques. Mais force est de constater que les sortants des grandes écoles refusent toujours de rejoindre leur lieu d’affectation », explique cette source.
Narindra Rakotobe