
Des éléments de l’Emmoreg dirigés notamment par le Commandant de la CIRGN Analamanga, le Général Florens Rakotomahanina ont dispersé la foule par des jets de grenades lacrymogènes.
De quoi le régime a-t-il réellement peur ? C’est la question que se posent les observateurs par rapport à ce qui s’est passé hier lors de la manifestation organisée par les journalistes dans le cadre de la contestation de l’adoption du Code de la Communication médiatisée. Le « diabe » prévu se dérouler depuis Ankorondrano jusqu’à la stèle de l’Ordre des Journalistes de Madagascar à Soarano n’a pas pu avoir lieu. Pour cause, le régime a opté pour le recours à la « Force ». Une forte mobilisation des Forces de l’ordre a été constatée. Par ailleurs, tous les camps militaires étaient consignés. De nombreux gendarmes, militaires et policiers étaient en patrouille dans plusieurs quartiers de la Ville des Mille. Tôt le matin, Ankorondrano et les quartiers environnants, ainsi que le Centre ville ont été quadrillés par des éléments lourdement armés et prêts à intervenir à tout moment. Trois barrages ont été érigés depuis le rond point devant le Magro Ankorondrano jusqu’au Gymnase couvert où les journalistes, les membres de la Société civile et de simples citoyens se sont donné rendez-vous. Certains étaient armés de kalachnikov, d’autres de lance-grenades. Dans les rangs, l’on a pu apercevoir des éléments d’élites armés et cagoulés. D’après les informations, leur mission était de procéder à l’arrestation des meneurs de la manifestation des journalistes au cas où ces derniers tenteraient de forcer les barrages. La manif ayant été déclarée « non autorisée » par les autorités, la Préfecture de Police d’Antananarivo a décidé de réquisitionner les Forces de l’ordre. Face à cette « intimidation » et pour éviter les casses, les leaders du mouvement pour la liberté d’expression ont pris la décision de jouer la carte de la sagesse. La grande marche a donc été annulée. Et ce, malgré la grande ferveur de nombreux citoyens qui étaient prêts à se sacrifier pour la liberté d’expression. Les pourparlers effectués auprès des responsables des Forces de l’ordre présents sur place ont échoué.
Mouvements de panique. En tout cas, face à cette mesure démesurée prise par la Hiérarchie militaire, les journalistes n’ont pas pu se rendre à Soarano pour une manifestation symbolisant l’enterrement de la liberté d’expression. Et ce, contrairement à nos confrères de Mahajanga qui ont réussi à organiser un enterrement marin après une marche silencieuse qui a débuté devant le Grand Baobab. Pourtant, en termes de nombre de participants, la manif était une réussite totale. En effet, mise à part la foule qui s’est amassée devant le Gymnase d’Ankorondrano, plusieurs centaines de personnes ont également attendu notamment à Soarano devant le marché de Pochard, à Antanimena et devant l’Eglise « Jesosy Mamonjy ». Vers 13h30, les Forces de l’ordre, dirigées notamment par le Commandant de la Circonscription Interrégionale de la Gendarmerie Analamanga, le Général Florens Rakotomahanina, ont décidé d’intervenir pour disperser tous les attroupements constatés à Soarano et devant le marché de « Petite vitesse ». Des grenades lacrymogènes ont été lancées contre la foule. Les militaires ont pourchassé les manifestants jusqu’au Magro Behoririka. La scène a provoqué des mouvements de panique notamment au niveau des marchands ambulants qui n’ont pas pu assumer leurs activités quotidiennes. Par ailleurs, tous les magasins se trouvant à Analakely et ses alentours ont fermé leurs portes par crainte de pillages. Vers 14 heures, les Forces de l’ordre dirigées par le numéro Un de la CIRGN Analamanga ont quadrillé la stèle de l’Ordre des journalistes à Soarano. Toutes les routes de l’Avenue de l’indépendance ont également été bloquées. Seuls quelques journalistes ont réussi à accéder à la stèle de l’OJM. Dans un communiqué, les leaders du mouvement pour la liberté d’expression ont fait savoir que la manifestation va se poursuivre. Quoi qu’il en soit, même si les Forces de sécurité ont réussi à bloquer la marche silencieuse, l’on sait désormais que des milliers de Malgaches sont derrière le mouvement des journalistes. Histoire à suivre.
Davis R