
Alors que la tension risque de ne pas encore tomber, la situation politique s’envenime encore un peu plus à Antsiranana 1 où la contestation de la nomination d’un PDS afin de remplacer le maire élu commence à prendre de l’ampleur.
Si l’année 2024 s’est terminée par une arrestation, celle de Jean Luce Randriamihoatra, les autorités ont commencé 2025 très fort, avec une vague d’interpellations depuis ce week-end dans un contexte post-communale tendu. Hier, à Antsiranana 1, Radovola Rakotobe, enseignant à l’IST Diego, a été arrêté après avoir organisé un mouvement de contestation contre la nomination du Président de la Délégation Spéciale (PDS) afin de remplacer le maire élu, Jean Luc Djavojozara. Son arrestation est survenue alors qu’il était seul sur place, tentant de mobiliser les habitants. En somme, avec ce qui s’est passé à Vatomandry, ce vendredi, les forces de l’ordre ont jusque-là effectué une vingtaine d’arrestations, dans la foulée des élections municipales du 11 décembre 2025.
Affront
En effet, une partie de la population se sent offensée après la décision des autorités de nommer un PDS pour prendre la place du maire élu, introuvable après sa condamnation par le Pôle anti-corruption (PAC). Depuis ce mercredi, bien que le calme règne dans la ville du Pain de Sucre, une suspicion de révolte plombe le paysage politique. Jean Luc Djavojozara reste pour ses électeurs le seul légitime à diriger la commune et la nomination d’un PDS est considérée par eux comme un affront et un non-respect de leur choix. Au-delà des questions juridiques qui entourent cette affaire, des observateurs dénoncent de simples manipulations politiques pour écarter une personnalité quelque peu gênante et qui a pu tenir tête au régime. Quoi qu’il en soit, l’arrestation de Radovola Rakotobe risque de mettre de l’huile sur le feu et de gâter un peu plus la situation à Antsiranana 1.
Hold-up électoral
En tout cas, dans la partie Est de la Grande Île, l’ambiance reste électrique. Dans la nuit du vendredi, quelque 20 personnes ont été arrêtées. Alors que cinq d’entre elles ont déjà été entendues par le parquet samedi, quatre ont été placées sous contrôle judiciaire et une a bénéficié d’une liberté provisoire. Elles sont en effet soupçonnées d’avoir pris part aux manifestations de contestation des résultats officiels des élections communales du 11 décembre 2025 dans les communes d’Ambodinonika et d’Antanambao Mahatsara, à Vatomandry. Sophie Ratsiraka, députée élue dans ce district, a d’ailleurs dénoncé un « hold-up électoral » qui n’est pas en faveur de la démocratie dans le pays et exhorte les partenaires techniques et financiers à suivre de près cette situation. Cette vague d’arrestations risque de ternir l’image du régime qui est déjà entachée par les violations des droits de l’homme, soulevées récemment par l’ONU, à Genève.
Julien R.