
Le commun des usagers de la route se demande qui a droit à une voiture ouvreuse quand il entend une sirène hurlante et/ou lorsqu’il voit un gyrophare actionné.
C’était le cas samedi après-midi, vers 14h 30, sur la bretelle reliant Ankadimbahoaka au By Pass. Deux Nissan double cabine de l’EMMO Sécurité – une devant et une autre derrière – avec des éléments des forces de l’ordre à bord, escortaient effectivement une 4×4 citadine de couleur noire. Deux jeunes femmes ou jeunes filles (c’est selon) étaient assises sur la banquette arrière, sans que les passants aient eu pu les reconnaître, même si les vitres n’étaient pas fumées alors que c’est quasi-systématiquement le cas pour les membres de la Nomenklatura.
Gardes du corps. Une demi-heure plus tard, du côté d’Antaninandro, une Toyota V 8 aux vitres entièrement fumées avait pour sa part, une voiture « fermeuse ». En l’occurrence, une Toyota Yaris où des hommes en civil – visiblement des militaires de par leur coupe de cheveux – étaient entassés. La position « iray mandroso, iray mihemotra » de ces gardes du corps rappelait les taxis-be d’autrefois. Pour ne rappeler que l’ancienne ligne 19 reliant Ankatso – Rasalama. En tout cas, la 4×4 ne transportait sûrement pas des étudiants, quoiqu’on n’ait pu voir son ou ses passagers. Ceux de la Toyota Yaris ne fréquentaient pas non plus le campus, même si les militaires ne respectent pas toujours la franchise universitaire.
Décret. 5 minutes après, un autre véhicule de l’EMMO Sécurité déboulait à toute allure, sirène et gyrophare dehors, avec également des hommes armés à son bord. Les gens ont cru avoir affaire à un véhicule qui allait mener une opération ou faire une intervention quelque part, mais en voyant la Toyota 4×4 de couleur beige qui suivait derrière, ils ont compris que c’est encore un des princes qui nous gouvernent. En fait, il fallait conjuguer le verbe conjuguer au passé décomposé puisque l’illustre passager était l’ancien président Marc Ravalomanana. Cette fois-ci, les passants l’ont vite reconnu avec son éternelle veste à carreaux avec des renforts sur les coudes. Qui plus est, il avait pris place à droite du conducteur de la 4×4 dont les vitres avant n’étaient pas teintées. S’il était presque sûr et certain que le cortège se dirigeait vers Faravohitra, on supposait qu’il rentrait d’un déplacement à la campagne, à voir la poussière sur la Toyota Land Cruiser immatriculée 6877 WWT. Le 77 étant le chiffre fétiche de Ra 8 qui a recouvré sa liberté de mouvement le 6 mai. Le décret d’assignation à résidence fixe ayant été abrogé lors du dernier conseil des ministres. Seulement, l’intéressé reste visiblement sous bonne garde, même si cela n’est pas dû forcément à son statut d’ancien président. D’ailleurs, les 2 autres présidents élus Didier Ratsiraka et Zafy Albert n’ont pas droit à pareil égard et …regard.
Réglementation. Le lendemain, c’est-à-dire hier aux alentours de midi, une Berline noire était précédée par une voiture ouvreuse qui n’avait pas actionné sa sirène, mais allumé tout juste allumé son gyrophare. A en juger par la marque de la voiture qui ne venait pas de sortir du garage du concessionnaire d’à côté, mais plutôt du parking d’une grande surface, on avait affaire à un chef d’institution dont l’anonymat – si c’est le cas – était préservé par les vitres dont la couleur se fondait presque avec celle de la carrosserie. C’est à l’image de la réglementation sur l’usage de sirènes, gyrophares et autres cocardes, qui plonge le conducteur lambda dans le …noir, au risque de voir …rouge comme les « jiro mena » qui peuvent virer au bleu. C’est aussi à l’image des dirigeants qui nous en font voir de toutes les couleurs.
R. O