
Depuis 2019, malgré plus d’un milliard de prêts du FMI, la situation socio-économique de Madagascar continue de se détériorer.
Plus d’un milliard de dollars. C’est le montant total que Madagascar a reçu du Fonds monétaire international (FMI) sous forme de prêts concessionnels depuis 2019. Des fonds censés stimuler la relance économique, améliorer la gouvernance et protéger les couches les plus vulnérables. Mais six ans plus tard, les indicateurs sociaux et économiques affichent un recul préoccupant. Dans une déclaration rendue publique hier, l’ancien président Marc Ravalomanana n’a pas mâché ses mots. « Les Malgaches sont aujourd’hui plus pauvres qu’au moment de l’indépendance », a-t-il déclaré, tout en soutenant que « Madagascar reste pauvre malgré un milliard de dollars de prêt du FMI ». Un constat accablant appuyé par des chiffres : en 1960, le PIB par habitant s’élevait à 812 dollars. En 2024, il est tombé à 456 dollars. La Grande île est désormais le seul pays au monde, hors zones de guerre, où le revenu par tête a régressé depuis l’indépendance.
Sans transparence
La pauvreté touche aujourd’hui plus de 80% de la population, contrainte de vivre avec moins de 1,90 dollar par jour. Près de 42% des enfants souffrent de malnutrition chronique. La mortalité infantile reste élevée, avec environ 50 décès pour 1 000 naissances. Parallèlement, les services de base sont en crise : un tiers des citoyens n’a pas accès à l’eau potable, les délestages électriques affectent plus de 80% du pays, et deux millions d’enfants sont hors du système scolaire. Face à cette réalité, l’efficacité des financements du FMI est fortement remise en question. Pire, une part importante des fonds aurait disparu. Des centaines de millions de dollars se seraient « évaporés » via des circuits opaques, les pertes de la JIRAMA ou des contrats énergétiques attribués sans transparence au profit de proches du régime.
Audits indépendants
« Ce milliard n’est pas un don », a martelé Marc Ravalomanana. « Ce sont des prêts, et c’est le peuple qui devra les rembourser, avec des impôts plus lourds et des services encore plus dégradés », a-t-il soutenu. L’ancien président appelle à un audit forensic détaillé retraçant l’utilisation de chaque dollar depuis 2019. Il exige également la publication intégrale des contrats énergétiques et pétroliers, l’identification des bénéficiaires réels, ainsi que des audits indépendants sur les institutions publiques concernées. Enfin, il interpelle directement le FMI. « Continuer à décaisser sans exiger de transparence, c’est cautionner l’opacité et l’appauvrissement du peuple malgache », a-t-il conclu.
Julien R.