L’ancien président a maigri. Il est apparu angoissé et très fatigué avec une barbe mal-rasée et des cernes sous les yeux.
Les funérailles de Rasoarisolo Zanakolona, la sœur-aînée de l’ancien président, Marc Ravalomanana ont eu lieu hier. Après un appel solennel lancé la veille par Lalao et Tojo Ravalomanana, l’ex-exilé d’Afrique du Sud, assigné à résidence surveillée à Diégo depuis une semaine, a pu faire le déplacement à Antananarivo pour rendre un dernier hommage à « Bebe Soa » qui, d’après les proches familles, a élevé Ravalo durant son enfance. A noter pourtant qu’outre les familles, les observateurs ont également assisté à des cérémonies dignes d’un film de série B où les faits et gestes du « Deba » sont surveillés de près par des éléments lourdement armés des Forces de l’ordre. En effet, l’ancien exilé d’Afrique du Sud a tout le temps été escorté par des éléments armés du « Groupe de Sécurité et d’Intervention Spéciale » (GSIS) depuis l’atterrissage de l’hélicoptère sur le terrain de foot d’Amboanjobe jusqu’à l’ « Espace La Verdure » à Anjomakely où la dépouille mortelle de sa sœur a été déposée. Mis à part cinq gendarmes vêtus de tenue de cérémonie qui sont restés dans la salle durant la mise dans le linceul du corps de la défunte, des éléments des Forces de l’ordre ont également été placés devant la porte d’entrée. Bon nombre des proches familles de la défunte n’ont même pas pu entrer pour lui rendre un dernier hommage. Plusieurs éléments de l’Emmoreg ont également été postés aux alentours et devant l’entrée de l’ « Espace La Verdure ». Seuls les membres de la famille et quelques leaders de la mouvance Ravalomanana ont pu y accéder. Les membres de la presse venus nombreux sur le lieu pour couvrir l’évènement ont également été refoulés.
Affaibli. En tout cas, d’après ce que nous avons vu, Marc Ravalomanana est apparu angoissé et très fatigué avec une barbe mal-rasée et des cernes sous les yeux, certainement dus à un manque de sommeil. Visiblement, il a beaucoup maigri. Plus connu comme étant un homme très confiant et sûr de lui, « Dada » est devenu une personnalité très émotive. On l’a vu verser des larmes lorsque le corps de sa défunte sœur de 84 ans a été déposé dans le cercueil. Vers la fin d’un bref culte organisé à l’ « Espace La Verdure » d’Anjomakely, Ravalo a demandé à ce que l’assistance chante le chant n° 488 dans le livre des cantiques : « N’inoninona hitranga Jesoa… ». Les deux semaines d’assignation à résidence surveillée semble l’avoir affaibli tant physiquement que moralement. Bon nombre d’observateurs se posent des questions sur les conditions de « détention » ou de « surveillance » (c’est selon) de l’ancien président à l’Amirauté d’Antsiranana. En effet, ce que l’on a assisté hier démontre que contrairement aux déclarations des tenants du régime, le numéro Un de l’Empire Tiko est bel et bien traité comme un détenu politique. Et ce, dans la mesure où un ancien président ne peut pas être amené à bord d’un pick-up de l’Emmo-sécurité rempli de Forces de l’ordre et avec deux gendarmes assis avec lui sur la banquette arrière.
Aucune mobilisation. Pour ce qui est des « Zanak’i Dada », aucune mobilisation n’a été aperçue du côté d’Anjomakely. Mis à part quelques leaders de la mouvance Ravalo tels que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Roland Ravatomanga, le président du parti « Tiako i Madagasikara », Rajoarimihaja Solofonantenaina, le Questeur n°3 de l’Assemblée nationale, Guy Rivo Randrianarisoa, des leaders du « Mafana », Manandafy Rakotonirina et Olivier Rakotovazaha, l’ancien vice-Premier ministre, Botozaza Pierrot et l’ancien président des Jeunes TIM, Mamy Mamonjy Raharinavalona, plusieurs partisans du « Vondron’Olon-Tsotra » (VOT) ont également assisté aux obsèques de Rasoarisolo Zanakolona. Pour leur part, la vice-présidente de la Chambre basse, Maître Hanitra Razafimanantsoa et le président du Groupe parlementaire TIM, Benjamin Randriamitantsoa n’ont pas été présents à Anjomakely. Ils ont toutefois assisté à l’enterrement à Manankavaly Ambanitsena. Il convient de noter que tout de suite après l’enterrement, Marc Ravalomanana a été transporté par hélicoptère à l’Aéroport d’Ivato où un Jet privé l’a attendu pour le ramener à l’Amirauté de Diégo. Il y a encore passé la nuit. Quoi qu’il en soit, certains observateurs estiment que cette fois-ci, le « Fihavanana malagasy » a été respecté, contrairement aux cas Didier Ratsiraka, Tantely Andrianarivo et Blandin Razafimanjato qui n’ont pas pu rentrer au pays pour assister aux funérailles de leur proche.
Davis R
