
En matière de jeu du chat et de la souris, les marchands des rues de la Capitale disposent de plusieurs années d’expérience. Ce qui n’est pas forcément le cas avec la nouvelle équipe dirigeante de la commune urbaine d’Antananarivo.
Les marchands continuent de réinvestir les rues, ruelles et trottoirs de la capitale. Une chose anodine pour de nombreux cas mais qui interpelle toutefois sur l’efficacité et l’efficience des décisions prises par les responsables locaux. En effet, le maire de la commune urbaine d’Antananarivo Naina Andriantsitohaina a été applaudi lorsqu’il a pris l’initiative d’assainir les rues et ruelles de la capitale en chassant les marchands de façon manu militari. Une initiative que le maire de la CUA et son équipe ont menée juste après l’accession au pouvoir du premier magistrat de la ville. Une initiative qui a fait la différence dans le quotidien des Tananariviens. La circulation était plus fluide que d’habitude. Pour certains, la redécouverte des trottoirs étaient significatifs. S’il n’y a nul doute sur l’efficacité de la décision, certains ont toutefois haussé le ton. Ce qui a contraint la commune à revenir sur sa décision en avançant qu’il faut d’abord « éduquer la population ». Mais surtout qu’il faut d’abord « construire un marché répondant aux normes pour accueillir les marchands ».
Yoyo. Par comparaison aux quelques jours d’assainissement intensifs menés par la CUA, on constate actuellement de timides actions d’intimidations à l’endroit des marchands de rue. Une énième partie du jeu du chat et de la souris durant lequel les marchands sortent toujours vainqueurs. Ils occupent toujours les rues, ruelles et trottoirs de la ville. « Exploits » qu’ils peuvent asseoir grâce à des dizaines d’années d’expérience en guerre d’usure. Une chose est toutefois sûre, la construction de nouveaux marchés permettrait de réglementer les activités commerciales, d’un côté. Mais cela permettrait à la commune de débarrasser la capitale de ces activités et personnes qui sont à l’origine des bouchons monstres qui en font sa triste renommée.Si certains observateurs trouvent que ces propos avancés par la CUA « rejoignent ceux de l’ancien candidat devenu maire de la capitale lorsqu’il était invité dans une émission télévisée locale au mois de novembre 2019 », d’autres y voient « une erreur de la part des dirigeants ». Pour Hilda Ravelonahina, conseillère municipale auprès de la commune urbaine d’Antananarivo « les dirigeants de la commune n’ont pas suffisamment pris le temps de réfléchir sur la question (…) surtout sur les plans de sortie ». Notre interlocutrice de noter « l’importance pour la commune de disposer d’un marché devant accueillir les marchands de rue » avant d’interpeller sur la nécessité « d’éduquer et de sensibiliser aussi bien les marchands que la population tananarivienne ». « En attendant que la construction des marchés, pourquoi ne pas interpeller et sensibiliser la population que les marchés sont faits pour faire les courses tout comme les rues et ruelles servent à la circulation » s’est demandée Hilda Ravelonahina. D’autres mesures peuvent être prises par la commune urbaine d’Antananarivo pour changer la donne et réglementer le quotidien de sa population. Ce qui est sûr c’est que le changement ne se fera pas en un an et que cela nécessite la participation de tout un chacun.
José Belalahy