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samedi, juin 14, 2025
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Marché de la digue : Un sanctuaire de l’art traditionnel en péril

Il y a encore des touristes au marché d’art traditionnel de la digue , mais ils sont de plus en plus rares.
Il y a encore des touristes au marché d’art traditionnel de la digue , mais ils sont de plus en plus rares.

En quittant le centre-ville de la capitale pour se rendre à l’aéroport Ivato, sur la route d’Ifaty, se cache un marché traditionnel, le marché de la digue. Après avoir dépassé le stade des Makis, dans un tournant se trouve cet endroit qui recèle des bibelots en tout genre.

La rue est tranquille, il y a peu de circulation, on peut flâner à son aise et laisser son regard se promener entre tous ces mille et un objets issus de l’art traditionnel. Les échoppes sont nombreuses, des dizaines et des dizaines, s’étirant sur plusieurs centaines de mètres. Sculptures, pierres précieuses, instruments de musique, nappes brodées, bateaux en bois,… il y en a pour tous les goûts.

Pourtant, les mines sont tirées, les clients sont devenus une denrée rare. Les marchands-artisans se trouvent devant leur boutique et happent tels des caméléons attrapant des mouches tous les touristes de passage. Ici, comme tout Malgache qui se respecte, il faut savoir manier l’art de la négociation.  Cette dernière y est reine et rythme la vie du marché.

Une situation difficile. Les tenants de ces boutiques connaissent des jours pénibles, leur chiffre d’affaires a baissé drastiquement depuis quelques années. « Depuis le coup d’Etat de 2009 et la crise mondiale, il y a moins de touristes. Ils représentent 80 % de nos clients. Mars et février représentent la basse saison, c’est d’autant plus compliqué. Même, si nous vendons plus pendant la haute saison (juillet-août), cela suffit à peine pour avoir nos comptes au vert», explique Razafinarivo Rivo. L’homme tient une boutique spécialisée dans le cuir de crocodile. Il est à la fois commerçant, chasseur et fabricant. Outre, l’importation d’objets en provenance des provinces, le commerçant fabrique des ceintures, des chaussures, des portefeuilles, des sacs à base de peau de crocodile. Il s’en va les chasser dans les provinces et traite leur peau par la suite, en la transformant à sa guise. La tradition relative à la confection de ses objets se transmet de père en fils. « Mon père m’a appris à chasser le crocodile et à traiter ses peaux. Mon frère, lui, a appris cela mais pour les zébus », explique le façonneur.

A travers les nombreuses échoppes collées les unes aux autres, une attire l’attention, c’est celle de Mme Vony. Elle en a fait une affaire familiale : « Une amie qui avait cette échoppe m’a montré ce qu’elle faisait et ça m’a plu. Elle s’est maintenant spécialisée dans un autre domaine. J’en ai donc profité pour continuer cet art, car cela me plaît », explique-t-elle. Avec  l’aide de son frère et de sa sœur, elle récupère, rachète du verre, des gros bidons et les refaçonne pour en faire des objets de vaisselle. Ainsi, naissent de ses mains des assiettes, des verres, des plats qui sont repeints à la main et remplis de couleurs leur donnant presque vie. Elle aussi, peine à s’en sortir. Le constat est le même, s’il n’y a pas plus de touristes, la fabricante sera contrainte de mettre la clé sous la porte. Les touristes sont ici le rouage principal de cette belle machine.

Stéphane Pierrard (Stagiaire)

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