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dimanche, décembre 22, 2024
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Marie-Yvonne Charlemagne : « La gestion des déchets est un sujet complexe pour beaucoup de villes »

Le projet piloté par Marie-Yvonne Charlemagne fait appel à des contributeurs financiers privés.

Marie-Yvonne Charlemagne, présidente de la société APIS SOLUTIONS, est à la tête d’un projet de valorisation des déchets dans la Commune urbaine d’Antananarivo. Cette firme a signé le contrat de ce projet avec le maire d’Antananarivo et le directeur général de la Société Municipale d’Assainissement le 7 novembre dernier, après que le conseil municipal ait adopté le projet le 30 septembre. Entretien. 

Midi Madagasikara : En quoi consiste réellement votre projet ? Le projet va durer combien de temps ? 

Marie-Yvonne Charlemagne : Le projet développé par APIS SOLUTIONS porte sur la valorisation des déchets organiques solides d’Antananarivo en coordination avec la CUA et la Société Municipale d’Assainissement. L’objectif est la gestion optimisée des déchets de la ville en visant le zéro déchet, de manière durable et en économie circulaire. Le process consiste en la valorisation des déchets fermentescibles à partir de deux technologies : la méthanisation d’une part et la production de compost d’autre part. Ce projet de valorisation des déchets solutionnera la problématique de la décharge d‘Andralanitra qui est saturée. Le site sera progressivement fermé et réhabilité après traitement du méthane accumulé au fil des années. Les déchets ultimes qui restent seront enfouis dans des Centres d’Enfouissement Techniques (CET) créés à cet effet. APIS SOLUTIONS investira seule dans ce projet industriel purement privé et supportera seule le coût de l’investissement. La pré-collecte et la collecte, en tant que service public, resteront à la charge de la SMA. 

M-M : Et concrètement, comment va se dérouler l’opérationnalisation ?

M-Y C : La mise en place du projet se fera de manière progressive en commençant par un préfigurateur de 20t/j, pour affiner la méthodologie et le process : qualité du méthane, mode de collecte, de tri. Nous avons choisi d’étaler l’implantation des usines de méthanisation sur 4 à 5 ans avec une montée en puissance progressive. L’objectif est l’installation de 3 grands centres de méthanisation capables chacun de traiter 250 tonnes de déchets fermentescibles par jour, correspondant à terme à la totalité des déchets. Le biométhane et le compost produits dans nos centres seront distribués par des sociétés spécialisées. Le biométhane sera utilisé par les industriels en remplacement du fuel lourd beaucoup plus polluant et du bois énergie, facteur de déforestation. Et le compost sera à destination de l’agriculture en substitution des engrais chimiques.

M-M : Quelles seront les valeurs ajoutées, notamment en termes de collecte et de traitement, que va apporter votre projet dans la gestion des déchets dans la capitale ? Déjà, actuellement, la collecte des déchets est un énorme défi pour la municipalité. 

M-Y C : La gestion des déchets est un sujet complexe pour beaucoup de villes africaines compte tenu de la croissance démographique et de l’urbanisation grandissante. La pollution, les maladies générées par les déchets, telles que le choléra, la peste etc. en sont les conséquences. La problématique de santé publique se pose avec la problématique des déchets. La collecte et la valorisation des déchets nécessitent des capitaux importants avec une rentabilité incertaine. L’une des valeurs ajoutées de ce projet au niveau de la collecte est la restructuration de la profession et le développement de son employabilité. Le traitement de déchets que nous proposons, rendra à terme la ville d’Antananarivo propre, saine, écologique, le process en économie circulaire proposé répondant dans toutes ces composantes aux défis de la lutte contre le réchauffement climatique. 

M-M : Sur le plan opérationnel, comment allez-vous vous organiser compte tenu de l’existence d’un réseau déjà opérationnel (les RF2) au niveau des quartiers (fokontany) qui est déjà actif dans la collecte des déchets ménagers ? Tout en sachant que le réseau informel existe également dans ce secteur.  

M-Y C : Notre projet permet de solutionner le stockage des déchets à ciel ouvert à Andralanitra et d’instaurer une économie circulaire. C’est ce qui nous a conduit à proposer le schéma retenu, à savoir la pré-collecte, la collecte et le transport qui resteront à la charge de la CUA et de la SMA. Le traitement et la transformation des déchets seront entièrement à la charge d’investisseurs privés à travers APIS SOLUTIONS. La SMA continue donc d’assurer les relations avec les RF2 puisqu’elle est chargée de la pré-collecte et de la collecte. Nous ne prenons le relais qu’une fois les déchets déposés soit à la décharge soit dans nos unités de méthanisation. APIS SOLUTIONS prévoit aussi d’implanter des filières de recyclage de déchets non fermentescibles en mettant l’accent sur l’inclusion sociale des femmes et des jeunes et en y emboîtant les associations ou les coopératives de chiffonniers et des petites entreprises capables de valoriser les déchets tels que le plastique, le textile, le papier carton , etc. 

M-M : Pourquoi avoir choisi la ville d’Antananarivo, plutôt qu’ailleurs, pour présenter votre projet ?

M-Y C : Le projet fait suite aux engagements de monsieur le maire vis-à-vis des habitants. Il a été conçu en réponse à la vision de faire d’Antananarivo une ville verte et durable. Nous avons rapidement constaté que les déchets d’Antananarivo avaient fait l’objet de nombreuses études. De nombreuses ONG avaient également essayé d’apporter leur pierre à l’édifice comme c’est le cas dans d’autres villes ici à Madagascar. Nous ne pouvons que saluer tous ces efforts et nous appuyer dessus pour bâtir une approche globale et sur mesure qui permettra, dans un délai qui se compte malgré tout en années, de changer significativement la situation.

M-M : L’aspect financement est un sujet sensible surtout au niveau de la municipalité d’Antananarivo. Comment allez-vous financer vos projets et quelles seront les retombées pour la caisse municipale ? 

M-Y C : Les finances de la CUA ne seront pas du tout sollicitées par le projet. Comme je l’ai indiqué précédemment, nous avons développé une offre originale adaptée aux villes africaines et en particulier à Antananarivo. L’investissement nécessaire pour la valorisation des déchets est intégralement supporté par des acteurs privés. 

M-M : La réalisation de votre projet n’aura-t-il pas d’impact sur les emplois au niveau de l’organisme en charge de la gestion de l’assainissement au niveau de la municipalité ?

M-Y C : Nous n’intervenons pas dans la partie qui incombe à la SMA (collecte et transport) et n’affecterons pas les emplois à ce niveau. Concernant notre périmètre, nous avons conscience que le secteur des déchets draine de nombreux emplois informels et nous avons pris en compte l’impact social. Le projet est créateur d’emplois formels que nous avons estimés à 750 à terme. Le développement à nos côtés, sur nos sites d’activités de valorisation des déchets non fermentescibles sera également créateur d’emplois formels. 

M-M : Quels seront vos objectifs d’ici l’année prochaine ?

M-Y C : Démarrer notre première unité et planifier la deuxième afin que celle-ci soit opérationnelle en 2024.

Recueillis par Rija R.

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2 Commentaires

  1. Vous êtes trop bonne …

    Bonjour .
    Bien évidemment , la partie « à rentabilité incertaine » , les opérations de pré-collecte , collecte et transports jusqu’à site est laissée à la charge de la CUA , c’est-à-dire, à la charge du peuple . Petit retour au [Service de la main d’oeuvre pour les travaux d’intérêt général] du du décret du 3 juin 1926 ( merci Iss Heridiny) .

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