Les aides extérieures commencent à affluer. Il a fallu aux bailleurs de fonds près de deux ans pour se convaincre de l’intérêt d’ouvrir les robinets du financement. Les élections ont bel et bien été réalisées dans des conditions démocratiques. Le retour à l’ordre constitutionnel suit son bonhomme de chemin. Dans moins d’une vingtaine de jours, la tenue des sénatoriales permettra de compléter les institutions de la République. Mais malgré le succès sur la route de la démocratie, la situation ne continue pas moins de partager les avis. Ceux qui lorgnent vers les principaux indicateurs remarquent qu’ils sont toujours au rouge comme si la volonté réelle du pouvoir de changer et de réformer est absente. Madagascar a perdu en cinquante ans 42 % de PIB alors qu’il n’a pas connu de guerre comme deux autres pays dans le monde qui en ont perdu autant. La faiblesse des investissements économiques actuels ne permettent guère d’affirmer que la production est une priorité des priorités.
Marquer des buts
L’engagement d’efforts significatifs est souhaité par les bailleurs de fonds. Ils demeurent encore sur le qui-vive à cause du doute devant une certaine passivité du pouvoir contre les trafics, surtout dans le combat contre celui du bois de rose. Il est vrai que l’Exécutif a exprimé sa volonté de lutter contre à travers un slogan qui marque sa détermination, « tolérance zéro ». Mais autant les bailleurs de fonds que le public, voient bien que les efforts déployés n’ont toujours pas permis de mettre fin au trafic. En plus, ironie du sort, même des bois inventoriés et stockés dans des enceintes militairement gardés continuent de disparaître. Ceux qui tirent les ficelles dans ce trafic très lucratif dont les conséquences sont incommensurables, ne sont toujours pas derrière les barreaux. L’ancien Premier ministre Omer Beriziky déplore que la liste de noms de trafiquants qu’il a fournie n’a pas servi. Toujours est-il que le président de la République ne cesse dans ses tournées nationales ou internationales de souligner la détermination de l’Etat à lutter contre tous les trafics et à changer la situation. Et ce, bien que les résultats obtenus ne soient pas à la hauteur de la volonté affichée. Devant la situation, le risque est de voir augmenter le doute des bailleurs de fonds qui soupçonnent un vrai problème d’efficacité qui interpelle le gouvernement. Une rétractation des bailleurs est dangereuse parce qu’elle ne peut que conduire encore une fois Madagascar vers l’instabilité et la recherche de financements parallèles. La menace ne sera écartée que si, comme au football, on finit la récréation et on marque des buts.
Zo Rakotoseheno