« Je ne fais que continuer le travail entrepris par Pierre Vérin, mais également par Fanony Fulgence et Henri Wright sur la reconstitution du passé dans la zone. J’estime que Masoala et la baie d’Antongil conservent encore beaucoup de renseignements à explorer, pour édifier l’histoire complète de Madagascar », tel est l’explication de l’historien Chaplain Toto.
52 ans, Chaplain Toto est titulaire d’un Master en gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Chercheur hors pair, il est également docteur en histoire. Masoala fait partie de ses terrains de recherche. « La particularité de cet endroit n’est pas uniquement son environnement naturel, les forêts et parcs marins, mais il y a aussi un sanctuaire appelé Anjagnaharibe. J’ai beaucoup parlé avec les mpiambinjiny dans la zone de la pointe de la presqu’île Masoala où se trouve Anjagnaharibe », a-t-il expliqué.
En effet, le site conserve essentiellement des traces matérielles et mémorielles des présences arabes. Ces mémoires collectives se cristallisent autour du site d’Anjagnaharibe mais dans certains points, les traces sont aussi trouvées dans l’ensemble des sites historiques de la partie Est de Madagascar à travers le passage des Anjoatsy ou les Onjatsy.
L’historien Chaplain Toto a enregistré les Mpiambinjiny de différents villages de la partie orientale de Masoala. Et il écrit un article scientifique sur le sujet. Ses recherches sur le cap Masoala est en réalité la transcription des récits et interprétation historique avec des images sur les sites en question pour illustration. Les informations recueillies sont bien conservées, entretenues à travers plusieurs générations. Sur le terrain, on lui a même donné la généalogie de la famille à l’origine des Zafindrahombana qui peuple le village d’Ampanavoana actuel.
Point de jonction. Il est vrai que la question du peuplement de Madagascar est un sujet complexe du fait que les grandes civilisations autour de l’Océan Indien s’interfèrent sur la Grande Île dans une période aux alentours du début de notre ère. « Nous citons notamment les pays de l’extrême orient, on parle notamment de l’Indonésie, de la Malaisie, mais également de la péninsule arabique et de l’Afrique. Si les installations s’étalent dans une longue période, à travers ce qu’on a découvert à Masoala, on a au moins une piste sur l’identité d’une vague parmi tant d’autres », démontre l’historien. En réalité, la recherche sur les origines de la population de Madagascar n’est sûrement pas un sujet d’histoire, tout le monde y contribue depuis plusieurs années. On y compte notamment l’archéologie, la linguistique et même la biologie et la médecine. Plusieurs noms de chercheurs sont étroitement associés à des études sur le peuplement de Madagascar. Chaplain Toto a un objectif principal, « Ma modeste contribution à cette question complexe et transdisciplinaire à travers ce texte c’est que la mémoire collective, malgré le temps écoulé depuis leur débarquent à Madagascar, retient encore des traces vives exploitables pour écrire l’histoire. De toutes les façons, Masoala et la baie d’Antongil figurent dans la liste des sites historiques les plus anciens de Madagascar et l’exploitation des mémoires nous apporte des détails précieux à notre protohistoire commune», a-t-il ajouté.
La baie d’Antongil et le cap Masoala, on en parle très peu actuellement. Mais dans le passé, elle a toujours été un pays d’accueil pour des migrants venant de différentes zones.
Iss Heridiny