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vendredi, juillet 4, 2025
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Matraquage : Un fait qui conforte la culture de la médiocrité

Rolf et Bemaso figurent parmi les artistes qui dénoncent et pointent du doigt le matraquage

Passer à la télé ou être diffusé à la radio ? Un honneur auquel tous les artistes n’ont pas droit, et un luxe que tout le monde ne peut pas se payer. Pour que sa musique soit diffusée et entendue par les auditeurs et les téléspectateurs, il faut déployer un grand budget. Pour une diffusion d’un mois à raison de deux fois par jour, il faut effectivement en moyenne 900.000Ar/mois soit 10.800.000Ar/an car une diffusion équivaut à 15.000Ar. Une situation qui n’est pas normale, déplorent les artistes. A l’époque de Tsilavina Ralaindimby, Niry Ravelojaona et autres grandes figures qui ont contribué au rayonnement de la culture malgache, les artistes passaient un genre d’audition. Seuls les meilleurs sont diffusés sur la télé et la radio nationales. « Certains ont été recalés. Mais cela ne nous démotivait pas. Au contraire, on avait envie d’avancer encore plus et de nous surpasser », se souvient Jaojoby. Aujourd’hui, seuls les plus fortunés, même s’ils n’ont aucun talent, sont entendus.

Culture de la médiocrité. Neuf titres sur dix qui passent à la radio ou à la télé, sinon tous, ont payé pour avoir une petite plage sur telle ou telle chaîne. Aujourd’hui, le talent n’est plus le principal critère de sélection. Une musique est une œuvre d’art. Elle nécessite un travail de création humaine conjuguant la technique et la théorie. Celle qu’on veut à tout prix imposer, est loin de remplir ces critères. Les textes sont vides, les arrangements douteux et les voix, n’en parlons pas. Ce sont pourtant ces « bruits de fond » qu’on impose aux auditeurs qui, peu à peu se complaisent dans cette « culture de médiocrité », aux dépens des artistes, des vrais. Rolf fait partie de ces victimes de cette situation de matraquage à grande échelle. « Je sors des centaines de vidéos en Live sur Youtube, Facebook et autres site gratuitement, mais on n’a pas l’honneur d’être entendus, puisque les médias pratiquent le matraquage, une corruption à grande échelle. La culture du pays en pâtit mais les médias n’en ont rien à faire. Les jeunes n’ont plus de repères. Ils copient bêtement ce qui se passe à l’étranger, puisque là-bas au moins il y a de la Musique. Les autres font bouger sexuellement leur fesse, sans danser, pour vendre leur soupe. Je ne dis pas qu’il faut éliminer quoi que ce soit, j’aimerais juste que les Malagasy puissent entendre ce qui est leur: leurs Artistes et leur Culture. Que la diversité sorte au grand jour, qu’ils apprécient ce qui est leur ». Pour Bemaso, ce n’est pas seulement une question culturelle, c’est un problème d’éducation.

Question de choix. « Le niveau de l’enseignement est scandaleusement bas, inefficace, abrutissant. Une situation qui déteint sur la culture. Et dans cette société où le divertissement crétin tient lieu de spiritualité, il n’y a personne pour faire l’effort de sortir de la caverne. Mais le pire de la médiocrité, c’est l’absence totale de conscience de cette médiocrité métastatique. Personne n’a en effet l’air conscient de cette situation catastrophique dans laquelle nous nous trouvons. Nos contemporains préféreront toujours l’indifférence des ombres à la lumière de la vérité. Notre société est devenue un cloaque immonde qui n’est attiré que par la bassesse, et ce d’autant plus que cette attirance pour les bas-fonds revêt les ornements du plaisir fallacieux ! Pour le dire autrement, le beau, le bon, le bien, le vrai sont remplacés par le ‘fun’, le ‘in’, le ‘cool’. La société nous impose d’être productif et de procurer de la valeur ajoutée. Nous vivons dans un monde où le but recherché est seulement la productivité. Nous avons mis l’art de côté et banalisé la musique. Nous vulgarisons cette musique. D’ailleurs, toutes les musiques les plus écoutées sont juste une compilation de rythmes basiques auxquels, on a ajouté un clip avec des femmes en maillot de bain au bord d’une piscine ou des figurants dans de belles villas ». Trop peu de personnes s’intéressent aux vraies œuvres musicales de l’histoire que peuvent être les compositions de D’Gary ou de Rakoto Frah. Pour Rolf « Il faut que le système soit plus ouvert afin de laisser également la scène aux artistes, ceux qui ne jurent que par la créativité, la recherche, le beau, le bon, le bien, le vrai. Aujourd’hui, les Malagasy vivent dans la peur, la peur de l’enfer, de l’étranger, de sortir de leur petit confort, de leur petites habitudes, il n’y a plus de créativité, de sens du beau, d’ambition, de curiosité et c’est tellement triste. Je dis qu’il faut commencer par laisser le choix au public. Le choix de choisir la musique qu’il veut entendre ».
Mahetsaka

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