L’opposition a une fois de plus raté son rendez-vous avec la population malgache. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de mettre toutes les garanties de son côté. Mais elle s’est heurtée à un barrage de militaires qui avaient reçu l’ordre d’empêcher la tenue de ce meeting, «ayant été interdit par la préfecture ».
Un meeting de l’opposition qu’il fallait empêcher
Les membres du M.M.F. avaient, ces derniers jours, assuré que leur grand rassemblement devait montrer toute la force de l’opposition et que les autorités n’auraient aucune raison valable de l’interdire. L’autorisation de la C.U. A. qui a offert le gymnase couvert était suffisante puisqu’il s’agissait d’un lieu clos. Rassuré par le silence des pouvoirs publics, l’opposition a donc multiplié les appels à la population pour un soutien massif de sa démarche. C’est donc sans aucune annonce préalable que les forces de l’ordre ont investi la place de Mahamasina. Des individus avaient démonté le matériel de sonorisation très tôt, le matin. Les militaires casqués, matraque à la main, ont interdit tout accès au gymnase des leaders de l’opposition et de leurs sympathisants. Il est donc indéniable que les pouvoirs publics avaient pris à l’avance toutes les dispositions pour empêcher ce rassemblement. L’excuse trouvée d’une interdiction de la préfecture pour trouble à l’ordre public étant prononcée du bout des lèvres n’a bien entendu convaincu personne. Les responsables des forces de l’ordre ont agi sur ordre d’une autorité supérieure et ne peuvent donc pas être incriminés. Mais cette attitude s’apparente à de la maladresse, car il aurait été plus judicieux de laisser les membres du M.M.F. tenir leur meeting et leur permettre de faire leur discours. Dorénavant, l’opinion va considérer que le pouvoir craint ce front uni de l’opposition. Il lui donne donc un certain crédit en faisant tout pour le marginaliser. Le régime, en agissant ainsi, croit qu’il est à l’abri de toute contestation et qu’il peut continuer sa route en toute quiétude.
Patrice RABE