Le président Hery Rajaonarimampianina entame ce jour la troisième année de son mandat de cinq ans à la tête de la nation. Depuis son investiture en 2014, il a fait du chemin dans la concrétisation de la feuille de route de sortie de crise signée avec la SADC. Handicapé au départ, il n’a pas eu, comme tous ses prédécesseurs à la tête de l’Etat, de parti politique majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais, il a réussi à rester dans ses fonctions malgré les secousses politiques et surtout la déstabilisation dont la plus dure aura été celle de l’année dernière. La tentative des députés de l’Assemblée nationale de le déchoir. La Haute Cour Constitutionnelle n’est pas entrée dans le jeu. Non convaincue de la crédibilité des objectifs et des arguments.
Méfiance et ambiguïté
Hery Rajaonarimampianina hérite d’un pays classé dans le peloton des plus pauvres du monde. Un pays qui a beau avoir des plages superbes pour attirer les touristes, est surtout connu pour être à la merci du pillage de ses richesses environnementales et de ses produits miniers par des trafiquants sans scrupules. La lutte contre tous ces fléaux a commencé mais elle n’est pas encore arrivée à la hauteur des enjeux. Les résultats sont qualifiés de maigres par la population et la communauté internationale malgré les efforts produits par le gouvernement pour défendre l’image d’efficacité qu’il donne à ses actions. Dans cette optique, une fédération d’associations menace aujourd’hui de publier au grand jour les noms des trafiquants de bois de rose. Toujours est- il que la volonté de combattre et de construire est bien présente au sommet de l’Etat. Au niveau politique, le HVM est maintenant le parti majoritaire qui a surclassé les grands partis dans les dernières élections démocratiques, communales, municipales et sénatoriales. Avec les résultats significatifs qu’il a enregistrés devant ses challengers, TIM de Marc Ravalomanana et Mapar d’ Andry Rajoelina, le HVM devient incontournable, plus en milieu rural qu’urbain. Il n’a pas gagné la bataille de la capitale mais a fait du TIM qui est représenté par deux ministres au gouvernement, moins un adversaire qu’un allié. Mais la méfiance et l’ambiguïté demeurent car à l’Assemblée nationale, le poste de chef de l’opposition prévu par la Constitution est resté vacant jusqu’à présent. Aucun parti politique ne le brigue. Même les députés qui critiquent virulemment le régime au pouvoir préfèrent garder le statut de non opposant. Sur d’autres plans, diplomatique surtout, les tournées extérieures du président de la République issu des élections a permis la reprise des financements et de la coopération. En ce début de troisième année du mandat, l’essentiel pour le décollage du pays est la stabilité. Les efforts de Hery Rajaonarimampianina y tendent mais il reste beaucoup à faire. Dans l’opinion publique, on pense qu’il lui faudra une équipe solide et mûre pour arriver avec succès au bout de toutes les luttes engagées avant la fin de son mandat de cinq ans.
Zo Rakotoseheno