Puisque le « À table Mesdames et Messieurs ! » est annoncé maintenant, tout ce beau monde attend patiemment qui vont être appelés à s’asseoir et être présents sur le tableau de la cène, non pas le dernier repas mais celui de toute la durée du dernier mandat. Parmi eux, les anciens occupants des maroquins… , ils avaient leurs petites habitudes, leurs places habituelles, ils s’en contenteraient bien car être à la droite immédiate du maître des lieux est une autre affaire. Le tout c’est d’être toujours là, dans son angle de vision… Puis les aspirants, ceux qui attendent depuis des années d’être enfin parmi les attablés qui pourront avoir chez eux une réduction du palais avec majordome, serveurs, cuisiniers etc… Enfin, les porteurs de bidons, comme dans les courses cyclistes qui ne cherchent pas la gloire d’être vainqueur mais qui se dévouent sans compter pour le leader, ceux qui ont sué corps et âme et sans qui il n’y aurait pas eu ces victuailles à se partager. Ils étaient en permanence en première ligne au front de la bataille essuyant coups et quolibets. Ils pensent être, à juste titre, maintenant, selon eux, être payés de retour et avoir non plus des miettes du repas mais quelque chose de plus consistant. Ils sont si nombreux et si entêtés qu’il y a de quoi donner la migraine à l’honorable hôte. Où est-ce qu’il va les mettre ? Comment leur faire comprendre qu’on ne peut mélanger serpillères et serviettes de tables brodées ? Comment leur faire admettre que les petits plats qu’on leur donne à longueur d’année sont équivalents aux quelques festins cédés seulement ça et là ? Et que l’austérité est le nouveau leitmotiv ?
Maintenant parlons justement du menu, avant c’était gargantuesque, il y avait 13 plats. Aujourd’hui, bizarrement, on n’a presque rien proposé sinon un le « On doit progresser », plat plutôt réducteur par rapport à ce qui était auparavant mais qui en dit long sur sa quantité et pourquoi pas sur sa saveur.
Et comme dans tout événement officiel digne de ce nom, il y a le carton de menu écrit à l’encre d’or et qui doit trôner au milieu de la table et que les invités s’empressent de lire gloutonnement. Cette fois-ci, le hasard a fait qu’il n’y a que trois plats et sur le bout de papier on peut y lire cette fois les produits du terroir qui font saliver d’avance les heureux convives et comme le repas doit être thématique on peut y laisser entendre : en entrée, « le Zyété » qui rappelle les bons souvenirs du Zoma. Puis comme plat de résistance, le « Zysuis » qui récompense la constance de l’effort permanent et enfin, comme dessert, le « Zyseré » qui met en valeur le vouloir d’un avenir radieux.
Bon appétit Mesdames et Messieurs !
M.Ranarivao