La lettre N°003.PRM p.i/2023 demande aux responsables du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi qu’auprès de celui de l’économie et des finances de « prendre les mesures administratives nécessaires pour mettre fin à la grève des enseignants-chercheurs à l’Université d’Antananarivo ».
La nouvelle fait l’effet d’une bombe dans le microcosme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique malgache, surtout auprès de la branche tananarivienne du Syndicat des Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants de l’Enseignement Supérieur de Madagascar (SECES). Dans une lettre adressée à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, le Pr Assoumacou Béatrice et le ministre de l’économie et des finances, Rabarinirinarison Rindra Hasimbelo, et que le SECES Tanà a relayé auprès des desks des médias locaux, on leur « demande de suspendre les soldes des meneurs de grève à l’université d’Antananarivo ». Le Pr Ravelonirina Sammy Grégoire, président du SECES section Antananarivo, est nommément cité dans la lettre émanant du Palais d’Etat d’Ambohitsorohitra en date du 6 novembre dernier. « Cette grève qui a commencé il y a plus de quatre mois engendre le mécontentement des étudiants et de leurs parents, ce qui risque de porter atteinte à l’ordre et à la sécurité publique » peut-on y lire. Aussi, « les grévistes continuent à percevoir leurs soldes et à travailler dans des universités privées sans être inquiétées ». Cette missive qui sert de directive à l’endroit des ministres de tutelle précise que « le Gouvernement a fait des efforts pour satisfaire les revendications des enseignants-chercheurs et que les cours ont déjà repris dans plusieurs universités, surtout en province ». Ce qui ne serait pas le cas pour l’Université d’Antananarivo où « la plupart des cours sont encore suspendus et les enseignants qui essaient d’accomplir leurs missions font l’objet d’intimidation ». La missive pointe ainsi des doigts « un usage abusif du droit de grève ».
Répliques. Les retours de la branche tananarivienne du SECES ne se sont pas fait attendre. Dans une lettre adressée aux ministres de tutelle, le syndicat fait savoir que « toutes suspensions non justifiées de solde seront contraires aux textes en vigueur ». Pour le Syndicat ses « membres ne peuvent pas être tenus responsables de la non continuité du service publique ». Ce étant donné qu’il s’agit du « refus de payement des dus des Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants par l’Etat ». Dans sa missive dont le Premier Ministre est en copie, le SECES Tanà rappelle plusieurs dispositions relatives aux textes qui les régissent. « Les obligations des services annuelles des Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants est de 200 heures, selon l’Article 05 de la loi 95-023 du 05 septembre 1995. Leur permettant de jouir de leur salaire mensuel conformément à l’article 29 de la Constitution de la 4ème République » peut-on y lire. Ainsi selon toujours cette lettre, « à l’heure actuelle, tous les membres du SECES ont déjà accomplis leurs obligations de services annuelles ». Dans la foulée, le Syndicat enchaîne avec l’arrêté N° 31782/2021-MESupReS réorganisant les volumes horaires, le nombre des encadrements autorisés et la nature des autres activités des Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants. « Les membres du bureau du SECES sont déchargés des obligations de services d’enseignement et de recherche » peut-on lire à l’article 7 de cet arrêté. De son côté, le MESUPRES a initié une sorte de médiation suivie d’un communiqué sommant les « Enseignants-chercheurs et Chercheurs-enseignants qui participent à la grève illimitée à se présenter à leur domaine respectif…pour la reprise des activités ». Ordre qui avait force exécutoire à partir de la publication du communiqué, soit le 13 novembre 2024. Il conviendrait de noter que certains contenus de la lettre N°003.PRM p.i/2023 se retrouvent dans le communiqué du Mesupres. Comme quoi le hasard fait bien les choses.
José Belalahy