
L’adoption du projet de décret fixant les attributions du ministre des Finances et du Budget ainsi que l’organisation générale de son ministère figurait à l’ordre du jour du conseil de gouvernement du mardi 21 février 2017.
Contrairement à la procédure habituelle, le projet de décret en question ne se trouvait pas sur la table du conseil des ministres qui s’était tenu le lendemain. Ni même lors des 3 prochains conseils des ministres hebdomadaires qui s’ensuivirent. De source informée, le projet serait bloqué par Iavoloha ou à Iavoloha. Le résultat est le même. Et ce, pour des raisons à la fois politiques et techniques.
Deal. Sur le plan politique, un changement d’organigramme s’avère inopportun à la veille d’un remaniement. Et pour cause, en cas de non-reconduction de l’actuel expert-comptable, il n’est pas sûr que son éventuel successeur veuille inclure dans son actif, un organigramme dont il n’a pas eu l’initiative. Malgré le principe de la continuité de l’Etat, il est peu probable qu’il prenne exemple sur son prédécesseur qui n’était pas toujours d’accord avec bon nombre de ses collègues. Pour ne prendre que le cas d’un ministre dissident de l’opposition et originaire du Sud qui digère mal le fait d’avoir été « engueulé » par l’actuel Grand Argentier. Lequel n’est pas non plus apprécié par les « cravates bleues » du gouvernement qui tiennent à rappeler que Gervais Rakotoarimanana s’était exilé à l’étranger en 2009, année de la chute de Marc Ravalomanana. Aujourd’hui, ils n’excluent pas la possibilité d’« un deal » entre le natif d’Imerintsiatosika et le maître d’Imerinkasinina dans la perspective de 2018. Ils en veulent pour preuve, les produits Tiko qui reviennent lentement mais sûrement sur le marché local. Les boissons hygiéniques Classiko Cola étant les dernières en date à réapparaître sur les étals des épiceries et de certaines grandes surfaces. « Des produits que Marc Ravalomanana avait toujours utilisés à des fins de propagande », retrace un proche du régime.
Comptes bancaires. Des barons du HVM laissent même entendre qu’en dépit des arriérés fiscaux de Tiko, le patron du MFB aurait donné son feu vert à la levée partielle des comptes bancaires du groupe qui avaient été bloqués sous la Transition, c’est-à-dire du temps où le ministre des Finances et du Budget n’était autre que l’actuel président de la République. Et qui continue de garder un œil sur Antaninarenina par le biais notamment de son directeur de cabinet Herisoa Razafindrakoto qui est toujours membre du cabinet du MFB. Sans parler du Commissaire général de l’OCSIF, Léon Rajaobelina qui « a rang de ministre ».
SG parallèle. Sur le plan technique, le blocage au niveau d’Iavoloha serait dû au fait que le projet de décret chamboule l’organigramme du MFB. Un grand ministère qui pourrait d’ailleurs être éclaté en deux départements tel que c’était déjà le cas auparavant, sans qu’il y ait eu empiètement ou conflit de compétences entre les deux ministres en charge respectivement des Finances et du Budget. Le système avait le mérite de ne pas laisser un seul homme, tenir les cordons de la bourse de l’Etat. L’autre motif de blocage du projet de décret résulterait du fait que le nouvel organigramme instituerait une unité spéciale, une sorte de SG bis ou SG parallèle qui pourrait constituer un précédent pour les autres ministères où le Secrétaire Général est traditionnellement le chef de l’Administration.
Conflits d’intérêt. Par ailleurs, on prête à l’actuel ministre des velléités de s’inspirer du modèle canadien afin de confier à des membres de son cabinet, les fonctions régaliennes de contrôle, de vérification et d’audit au sein du ministère. Ce qui pourrait à terme poser problème car le jour où ils ne seront plus en poste à Antaninarenina, tous les rouages du MFB n’auront plus aucun secret pour eux. Déjà que les risques de conflit d’intérêt ne sont pas à minimiser avec l’immixtion d’hommes et/ou de femmes venues du secteur privé dans l’administration publique où l’on assiste à un phénomène de résistance voire de verrouillage.
R. O