« Je vous remercie de venir m’interviewer car cela me permettra déjà de témoigner ma foi ». C’est par ces mots que Monseigneur Benjamin Marc Ramaroson, le nouvel Archevêque du Diocèse d’Antsiranana a commencé lors de l’interview que nous avons eue avec lui. Une manière pour ce serviteur de Dieu de rendre gloire au Seigneur par qui, il doit tout. Il affirme d’ailleurs qu’il vit par la grâce de Dieu en faisant sa devise cette phrase prononcée par Saint Paul dans 1 Corinthiens 15 : 10c : « Non pas moi, toutefois mais la grâce de Dieu qui est avec moi ».
Vocation. Mgr Benjamin est en tout cas très heureux de sa vie chrétienne. « Je rends grâce à Dieu de m’a voir donné une famille chrétienne surtout ma mère très engagée au sein de mouvement ZMM (Zanak’i Masina Maria). « Comme je suis le dernier des dix enfants. J’étais toujours avec elle jusqu’au bac. Je suis pleinement convaincu que la famille est la première cellule de la société donc de l’Eglise. Si elle est malade c’est tout le corps entier qui est malade. Malheureusement elle l’est actuellement car elle ne s’enracine plus sur ce que Dieu l’a créée dès l’origine ». Et c’est cet amour de Dieu qui est à l’origine de la vocation de Mgr Benjamin. Dans sa jeunesse il faisait partie de la Jeunesse Etudiante Chrétienne (JEC) et c’est au sein de ce mouvement que la vocation a pris naissance. « Ayant eu le bac j’ai demandé à l’Evêque de Farafangana de l’époque Mgr Victor Razafimahatratra de pouvoir commencer le grand séminaire dans l’intention de devenir prêtre pour répondre à l’appel de Dieu. Mais Mgr Victor me trouvant encore jeune m’encourage d’aller d’abord étudier à l’université. J’ai commencé alors les études de Mathématiques. Je ne regrette pas car cela m’a permis d’approfondir une matière que j’aime beaucoup et qui m’a forgé à avoir un esprit scientifique très logique nécessaire pour la philosophie et pour la théologie. Mon séjour à l’université m’a aidé surtout à connaître la vie des étudiants ».
La bonne nouvelle aux pauvres. Et la vie estudiantine a encore une fois conforté son souhait de devenir prêtre. « Comme c’était à l’époque de la révolution socialiste, le transport urbain n’était pas organisé surtout le bus vers Ankatso. C’était l’époque du « fameux lasô » (assaut pour pourvoir prendre le bus). J’ai observé les étudiants et j’ai médité : « Tous ces jeunes vont devenir médecins, ingénieurs, professeurs… qui va annoncer la Bonne nouvelle aux pauvres gens de brousse ? ». Je ne cache pas que plus les années passent plus l’appel de Dieu a grandi en moi et j’ai toujours entretenu de bonnes relations avec les Pères de notre diocèse notamment les Pères Joseph Menu, Jean Marie Estrade, Aimé Goliet etc. J’ai déposé alors ma demande au Père Visiteur (Provincial) de l’époque au Père Gonzague Danjou. Il m’a cherché pendant une semaine dans les dédales des 67ha. Il commençait à se décourager quand en se promenant j’ai vu un prêtre cherchant justement quelque chose. Je me suis approché et je lui ai proposé de l’aider. Justement il me dit qu’il cherche un certain Benjamin depuis une semaine. Pour moi, ce n’était pas un hasard mais plutôt la providence car c’était de cette façon que Dieu m’a appelé. C’était la première étape de mon « chemin de Damas ». Après cette rencontre, la Congrégation de la Mission (Lazaristes) m’a envoyé au Grand Séminaire. Voilà le début de ma vocation qui m’a amené jusqu’au sacerdoce. La grâce m’a accompagné et j’ai accepté qu’elle travaille en moi pour que je sois au service du Seigneur cela par la prière, par le service auprès des pauvres, par la vie fraternelle au sein de la communauté »
Communion avec Dieu. Mais Mgr Benjamin est surtout content de sa communion avec le Seigneur. « Lorsqu’on sent effectivement être appelé par le Seigneur, on a des rencontres personnelles avec le Christ à travers les prières, le service auprès des pauvres, l’apostolat, la vie communautaire, les études… Ces rencontres engendrent une communion avec Celui qui vous appelle. C’est cela la réponse qui fait que vous épousez la vie du Seigneur. Sa vie est très simple à dire mais tout un programme de vie ou plus exactement un état de vie : « service » surtout les plus pauvres. Comme dit l’actuel Pape « le serviteur doit toujours aller vers celui qu’il servit » à l’image de la Sainte Vierge qui est allée servir sa cousine Ste Elisabeth. C’est la vie du consacré, il imite celle du Christ. Cela n’est pas facile. La grâce du Seigneur l’accompagne dans ce qu’il entreprend ». selon toujours Mgr Benjamin qui ajoute : « Vous comprenez pourquoi j’ai choisi alors la devise à la suite de St Paul : « ce n’est pas moi mais la grâce de Dieu avec moi », à la suite de St Vincent, notre Saint Fondateur : « Faites les œuvres de Dieu, Lui fera les vôtres ». Et j’ajoute en toute simplicité mais avec conviction « il fera mieux que nous car Il est tout puissant ». Ma mission c’est la mission du Christ qui est venu pour servir et non pour être servi. Comme c’est sa mission, le missionnaire vit ce que vit le Christ. Cela n’est pas facile encore une fois mais avec la grâce de Dieu tout est possible. Comme c’est une vie de service ce n’est pas l’agir qui est premier mais votre être. Le Pape Paul VI le résume ainsi : « Le monde actuel a plus de témoins que de prédicateurs s’il écoute le prédicateur c’est parce qu’il est témoin ».
Propos recueillis par R.Edmond