
La distorsion entre l’offre et la demande de devises a provoqué une perte de compétitivité de la monnaie nationale.
L’ariary continue sa dégringolade. Surtout par rapport à l’euro qui s’échangeait, hier, sur le marché interbancaire des devises contre 4 567 ariary.
Effets négatifs. Une chute relativement rapide, quand on sait qu’au début du second semestre de cette année, le taux était encore à moins de 4 200 ariary pour un euro. La dépréciation est moins importante par rapport au dollar qui était, hier, à 3 891 ariary contre 3 760 ariary début juin. Cette évolution confirme en tout cas la dernière analyse de la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) qui fait état d’une dépréciation de 11,4% de l’ariary par rapport à l’euro et de 3,9% par rapport au dollar. Et ce, sur la période de janvier à septembre 2020. Cette dépréciation de l’ariary trouve notamment son origine sur les effets négatifs de la pandémie de Covid-19 sur l’économie en général. A commencer par l’assèchement des recettes d’exportation. Plus particulièrement celles de la vanille dont la consommation mondiale a fortement diminué en raison de la fermeture des restaurants et de l’industrie des arômes alimentaires. Selon la BFM, les recettes d’exportations liées à la vanille ont diminué de 44% par rapport à 2019. La situation est pratiquement la même pour les exportations des produits halieutiques, notamment les crevettes, qui ont également chuté.
Distorsion. Mais il n’y a pas que les produits alimentaires puisque l’offre de devises a également diminué du côté du secteur tourisme, fortement pénalisé par l’arrêt total des liaisons aériennes internationales. Il en est de même des exportations textiles qui n’ont pu rapporter que très peu de devises durant le confinement. En ce qui concerne la demande de devises, la Banque Centrale affirme que les importations de produits pétroliers ont reculé de 22,0 % mais les importations de biens de consommation se sont stabilisées à un niveau très élevé en dépit de la crise. En somme, c’est cette distorsion entre l’offre et la demande qui a entraîné cette dépréciation continue de l’ariary. A noter cependant que les réserves officielles de change dont dispose la BFM représentent 5,9 mois d’importation de biens et services et se chiffrent à 2,003 milliards de dollars. L’augmentation s’explique essentiellement par la rentrée des devises liée au déblocage des contributions extérieures. Madagascar est ainsi proche du critère de convergence de 6 mois d’importation de la sous-région SADC.
R.Edmond.